Chaque année, le 6 janvier, les collines de St. Elizabeth, dans les montagnes Cockpit de la Jamaïque, vibrent au rythme des tambours, des chants ancestraux et des danses traditionnelles. C’est le Maroon Festival d’Accompong, une fête unique qui honore la résistance, la liberté et l’autonomie des Marrons jamaïcains – ces esclaves africains qui ont fui les plantations pour créer des communautés libres dans les montagnes.
Qui étaient les Marrons ?
🔍 Un Marron, au temps de l’esclavage, était un esclave africain en fuite qui s’échappait des plantations pour vivre libre, souvent dans des régions difficiles d’accès comme les montagnes ou les forêts tropicales.
Le terme vient de l’espagnol “cimarrón”, qui désignait un animal domestique retourné à l’état sauvage.
Ces hommes et femmes ont refusé l’asservissement et ont fondé des villages autonomes, appelés communautés marronnes.
Ils recréaient leurs cultures africaines, parlaient leurs langues, pratiquaient leurs rituels et se défendaient contre les attaques des colons.
Les Marrons étaient des résistants armés, précurseurs de la liberté dans les Amériques et les antilles.
Parmi les plus célèbres, Cudjoe, chef marron de la Jamaïque, est à l’origine du traité de paix signé avec les Britanniques en 1739 – l’un des rares accords reconnaissant officiellement la liberté d’anciens esclaves en pleine période coloniale.
🎶 Une célébration de la liberté
Le Maroon Festival commémore justement la signature de ce traité historique, qui garantissait aux Marrons leur liberté et leur autonomie.
👉🏾 Le village d’Accompong, fondé par Cudjoe, devient chaque année le théâtre de cette grande célébration de la mémoire et de la résistance.
🕯️ Un festival ancré dans les traditions africaines
Le festival mêle spiritualité et culture africaine à travers :
des cérémonies en l’honneur des ancêtres ,
des chants et danses rituels 🥁,
des offrandes dans les lieux sacrés (comme la grotte de Cudjoe),
des processions, invocations et bénédictions menées par les anciens de la communauté.
Tout cela dans un esprit de transmission intergénérationnelle : les jeunes apprennent en vivant les rituels, en chantant, en dansant, en écoutant les récits.
🌍 Un rendez-vous panafricain
Le Maroon Festival est aussi un moment de reconnexion avec l’Afrique. Il attire des visiteurs du monde entier – en particulier des membres de la diaspora africaine, des chercheurs, des artistes, et même des délégations venues d’Afrique de l’Ouest.
Il symbolise un pont entre les descendants d’esclaves et leurs racines africaines, un lieu où l’identité se reconstruit autour de la mémoire et de la fierté.
Art, musique et gastronomie au rendez-vous
Pendant le festival :
les rues s’animent de stands d’artisanat local : tambours, bijoux, tissus traditionnels, objets rituels,
la scène musicale accueille des groupes de tambours maroons, de reggae roots, et de chants ancestraux,
les odeurs de cuisine jamaïcaine embaument tout le village : jerk chicken, soupe de chèvre, bammy, calalou 🌶️🍲
Un héritage à protéger
Au-delà de la fête, le Maroon Festival rappelle que l’histoire des Marrons est toujours d’actualité :
La communauté d’Accompong lutte pour préserver ses terres traditionnelles,
Elle œuvre pour la sauvegarde de ses langues, musiques et rituels,
Elle enseigne aux jeunes la fierté d’une identité héritée de la résistance.
Conclusion : une mémoire vivante, un peuple debout
Le Maroon Festival d’Accompong n’est pas qu’un événement : c’est une déclaration de souveraineté culturelle, un acte de transmission, une célébration de la dignité noire.
À travers cette commémoration, les Marrons de Jamaïque nous rappellent que la liberté n’a jamais été un don : elle a été gagnée par le courage, l’union et la mémoire.
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