Addis-Abeba, février 2025. Lors du Sommet de l’Union africaine, la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, a lancé un vibrant appel à l’action en faveur de la suppression totale des visas entre les pays africains et caribéens. Dans un discours à la fois historique et stratégique, la dirigeante barbadienne a exhorté les responsables politiques des deux régions à dépasser les cadres hérités du passé colonial pour permettre une libre circulation des personnes et des idées.
Des liens brisés par l’histoire, à renouer par l’action
Mia Mottley, également présidente en exercice de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fermement dénoncé l’absurdité actuelle qui pousse les ressortissants d’Afrique ou des Caraïbes à « mendier des visas de transit » pour voyager à travers le monde, et souvent à transiter par l’Europe ou l’Amérique du Nord, même pour des déplacements vers l’ouest ou l’est. Elle a qualifié ces contraintes de « restrictions obsolètes », héritées d’un ordre mondial révolu.
Elle a rappelé que l’histoire de l’esclavage et de la colonisation a brisé les liens entre les peuples d’Afrique et des Caraïbes. Aujourd’hui, affirme-t-elle, il est urgent de reconstruire ces connexions par des décisions politiques concrètes, favorables à l’unité des diasporas africaines.
✈️ Une dynamique déjà en marche : un vol direct Abuja – Saint-Kitts
L’appel de Mia Mottley trouve déjà un écho dans les faits. Le 12 juin 2025, Saint-Kitts-et-Nevis a accueilli pour la première fois un vol direct en provenance du Nigéria. Ce vol historique, opéré par la compagnie Air Peace, marque une avancée majeure vers une meilleure connectivité entre les deux régions.
Avec cette liaison directe depuis Abuja, Saint-Kitts devient la troisième destination caribéenne desservie par Air Peace, après la Jamaïque et Antigua-et-Barbuda. Cet événement témoigne de l’intérêt croissant pour le rapprochement concret entre l’Afrique de l’Ouest et les Caraïbes, tant sur le plan diplomatique que commercial, culturel et touristique.
Une vision panafricaine caribéenne ambitieuse
Dans son discours, Mottley a souligné que la libre circulation des citoyens est un pilier fondamental de l'intégration régionale. Selon elle, il s’agit non seulement de favoriser les échanges commerciaux, mais aussi de promouvoir un espace commun de coopération culturelle, éducative et scientifique. L’enjeu est aussi identitaire : permettre aux descendants de ceux qui ont subi la traite négrière de se reconnecter à leur histoire et à leur héritage africain.
Elle a affirmé que le moment était venu de dépasser les déclarations symboliques pour adopter des politiques transformatrices, en s’appuyant sur l’esprit d’Adoua, référence à la bataille victorieuse de 1896 par laquelle l’Éthiopie repoussa les colonisateurs italiens, symbole fort de résistance panafricaine.
🗓 Une dynamique diplomatique en marche
Cette prise de position s’inscrit dans un calendrier diplomatique dense :
Août 2025 : la Barbade accueillera à Bridgetown le CARIFEDTA, un forum économique de haut niveau réunissant les pays caribéens et africains.
Septembre 2025 : aura lieu à Addis-Abeba le premier sommet en présentiel CARICOM – Union africaine (UA), une rencontre historique pour structurer les engagements mutuels.
Mottley souhaite faire de ces événements des moments de convergence historique, où les deux régions peuvent élaborer ensemble une nouvelle voie, fondée sur leur passé commun et sur des projets économiques et culturels partagés.
📣 Une voix pour toute la Caraïbe
Figure de proue du combat pour la justice climatique, pour les réparations liées à l’esclavage et pour l’intégration régionale, Mia Mottley est aujourd’hui perçue comme l’une des voix les plus fortes de la Caraïbe sur la scène internationale. En appelant à la fin des visas entre les États africains et caribéens, elle ne parle pas seulement au nom de la Barbade, mais de toute une région.
Elle interpelle les dirigeants :
« Voulons-nous faire de l’histoire de la séparation notre futur ? Ou voulons-nous construire un destin commun ? »
🛂 Vers une révolution de la mobilité ?
Le projet d’une mobilité sans visa entre les pays africains et caribéens pourrait marquer un tournant. Pour de nombreuses personnes issues des deux régions, c’est bien la promesse d’un avenir plus solidaire, plus juste, plus connecté.
Share this post