La position de la CARICOM et des États caribéens face aux conflits Israël–Palestine et Iran–Israël
Face à l’intensification des conflits au Moyen-Orient, en particulier entre Israël et les Palestiniens, ainsi qu’entre Israël et l’Iran, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a exprimé une position officielle à travers son Conseil des relations extérieures et communautaires (COFCOR)1 le 21 juin 2025. Cette déclaration reflète une évolution diplomatique notable dans une région traditionnellement discrète sur les grands enjeux géopolitiques internationaux.
📍 Conflit israélo-palestinien : une position de plus en plus affirmée
Dans sa dernière déclaration, le COFCOR se dit « profondément préoccupé » par la situation humanitaire à Gaza, qualifiant les pertes civiles, notamment parmi les femmes et les enfants, de tragiques. Le Conseil condamne toutes les violences visant des civils, mentionnant à la fois les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et la riposte israélienne, qualifiée de « réponse militaire disproportionnée ».
Il dénonce également :
l’impossibilité persistante pour les populations civiles d’accéder à la nourriture et à l’aide humanitaire ;
les bombardements massifs ;
la privation des biens de première nécessité ;
et l’expansion des colonies israéliennes, jugées contraires au droit international.
Le COFCOR appelle à :
un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et durable à Gaza ;
un accès humanitaire sûr ;
la libération immédiate de tous les otages et détenus administratifs.
La déclaration réaffirme l’engagement de la CARICOM en faveur d’une solution à deux États, considérée comme « la seule voie viable vers une paix globale, juste et durable ».
📌 Une reconnaissance officielle de la Palestine dans l’ensemble de la CARICOM
Dans le prolongement de ces principes, les 15 États membres de la CARICOM ont reconnu l’État de Palestine entre avril et mai 2024, rejoignant ainsi plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine.
📅 Chronologie des reconnaissances :
Barbade : 19 avril 2024
Jamaïque : 22 avril
Trinité-et-Tobago : 2 mai
Bahamas : 7 mai
Suivis par le Guyana, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent, Grenade, Suriname, Belize, Antigua-et-Barbuda, Dominique, Sainte-Lucie, Haïti
🗳️ Mobilisations et actions diplomatiques notables
En parallèle de la diplomatie officielle, plusieurs pays de la Caraïbe ont vu naître des mobilisations pro-palestiniennes :
À Bridgetown (Barbade) et à Belize City, des marches ont réuni des citoyens et des représentants gouvernementaux ;
À La Havane (Cuba), une manifestation a été organisée en présence du président Miguel Díaz-Canel.
En juin 2024, lors d’un vote à l’OMS sur la situation sanitaire à Gaza, Trinité-et-Tobago s’est distinguée en votant contre un amendement introduit par Israël, estimant qu’il visait à affaiblir le texte d’origine. Ce vote a été interprété comme un geste diplomatique en faveur des droits des Palestiniens.
Conflit Iran–Israël : une position plus prudente, mais explicite
La déclaration du 21 juin 2025 aborde également les tensions croissantes entre Israël et l’Iran, notamment après des frappes militaires directes entre les deux États.
Le COFCOR exprime son inquiétude face à une potentielle extension du conflit, déclarant que ces affrontements « constituent une menace pour la paix et la sécurité régionales et mondiales ».
Il appelle :
à la désescalade,
à la retenue,
et à éviter toute mesure de représailles.
L’organisation caribéenne plaide pour une solution par le dialogue et la négociation diplomatique, sans prendre position pour l’un ou l’autre camp.
Cuba : une position plus tranchée vis-à-vis d’Israël
Parmi les pays de la région Caraïbe, Cuba adopte historiquement une position plus radicale et constante dans sa critique de l’État d’Israël. Membre observateur de la CARICOM mais non membre à part entière, Cuba n’est pas soumis au consensus diplomatique du COFCOR et conserve donc une ligne indépendante, marquée par une solidarité affirmée avec le peuple palestinien.
Quelques éléments clés de sa position :
Cuba a rompu ses relations diplomatiques avec Israël dès 1973, à la suite de la guerre du Kippour, et ne les a jamais rétablies.
Le gouvernement cubain a répété à plusieurs reprises que les actions d’Israël à Gaza constituent des crimes de guerre et des violations flagrantes du droit international humanitaire.
En novembre 2023, le président Miguel Díaz-Canel a présidé une manifestation pro-palestinienne à La Havane, affirmant que « la cause palestinienne est aussi une cause pour l’humanité ».
Sur la scène internationale (ONU, NAM, G77), Cuba soutient activement les résolutions condamnant les actions israéliennes et plaide pour la reconnaissance immédiate et inconditionnelle d’un État palestinien souverain.
⚖️ Une diplomatie caribéenne entre principes humanitaires et équilibre géopolitique
La CARICOM adopte une posture fondée sur le respect du droit international humanitaire, le multilatéralisme et la solidarité avec les populations civiles, tout en maintenant une ligne de neutralité équilibrée vis-à-vis des puissances en conflit.
Le COFCOR, ou Conseil des relations extérieures et communautaires (Council for Foreign and Community Relations), est l’un des organes principaux de la CARICOM (Communauté des Caraïbes).
📌 Rôle du COFCOR :
Il est chargé de la politique étrangère de la CARICOM.
Il coordonne les positions diplomatiques communes des États membres sur les affaires internationales.
Il représente la voix de la région dans les grandes institutions mondiales (ONU, OMC, etc.).
Il élabore les prises de position officielles de la CARICOM sur les conflits internationaux, les droits humains, la sécurité ou encore les enjeux géopolitiques.