2025, l’année où l’Afrique et la Caraïbe se reconnectent : 8 événements qui changent tout
Quand les connexions se multiplient et dessinent un nouvel espace afro-caribéen
Mobilité aérienne, diplomatie, commerce, mémoire, culture : les signaux convergent. Pris ensemble, ils font de 2025 une année charnière, celle où la reconnexion Afrique–Caraïbe cesse d’être une idée pour devenir une réalité en construction.
Retour sur huit événements marquants qui illustrent cette dynamique.
1. À Addis-Abeba, Mia Mottley pose la question centrale des visas
En février 2025, lors du Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, frappe fort. Elle appelle publiquement à la suppression des visas entre l’Afrique et la Caraïbe, dénonçant une situation paradoxale : deux régions liées par l’histoire, mais séparées par des frontières administratives héritées du monde colonial.
Ce discours agit comme un catalyseur. Il rappelle que la reconnexion ne peut être seulement diplomatique ou symbolique : elle doit être humaine et concrète, fondée sur la circulation des personnes, des idées et des talents.
2. Le Bénin consacre le droit au retour des Afro-descendants
En 2025, le Bénin transforme un enjeu mémoriel en politique publique structurée. Par la loi et à travers la plateforme My Afro Origins, le pays consacre le droit au retour des Afro-descendants, dont ceux de la Caraïbe.
Ce geste dépasse la reconnaissance symbolique. Il ouvre des perspectives réelles d’installation, d’investissement et de citoyenneté. Le Bénin s’impose ainsi comme l’un des points d’ancrage majeurs de la reconnexion entre l’Afrique et ses diasporas caribéennes.
3. Le Forum Afrique–Caraïbes 2025 structure la coopération économique
Le Forum Afrique–Caraïbes pour le Commerce et l’Investissement 2025 confirme une évolution notable : la relation Afrique–Caraïbe s’inscrit désormais aussi dans le champ économique.
Cette édition débouche sur des annonces ambitieuses, notamment l’idée d’une zone de libre-échange Afrique–Caraïbes, pensée pour faciliter les échanges, encourager les investissements croisés et renforcer les chaînes de valeur Sud-Sud. La diaspora apparaît clairement comme un acteur clé de cette nouvelle architecture économique.
4. Juin 2025 : premier vol direct Nigeria – Saint-Kitts-et-Nevis
En juin 2025, un événement hautement symbolique se produit : le premier vol direct entre le Nigeria et Saint-Kitts-et-Nevis.
À bord, des entrepreneurs, des artistes, des universitaires et des diplomates. Ce vol incarne un basculement : la reconnexion n’est plus seulement institutionnelle, elle devient physique, régulière et vécue. Les distances historiques commencent à se réduire concrètement.
5. La visite historique du président Bola Ahmed Tinubu à Sainte-Lucie
La même année, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu effectue une visite officielle historique à Sainte-Lucie. Accueilli avec les honneurs, il engage des discussions débouchant sur des accords et des partenariats dans plusieurs domaines stratégiques.
Cette visite traduit une évolution profonde : la Caraïbe s’affirme comme un partenaire diplomatique à part entière pour les grandes puissances africaines, et non plus seulement comme un espace diasporique ou culturel.
6. Ghana–Barbade : une liaison aérienne chargée d’histoire
Le lancement d’un vol direct entre le Ghana et la Barbade marque un autre temps fort de 2025. Il coïncide avec un événement inédit : la première visite dans la Caraïbe du roi du royaume Ashanti, Otumfuo Osei Tutu II.
Cette rencontre entre modernité logistique et héritage ancestral donne toute sa profondeur à la reconnexion. Elle rappelle que les liens Afrique–Caraïbe sont à la fois économiques, culturels, spirituels et historiques.
7. Pointe-Noire : reconnecter les territoires par la mémoire
En 2025, un projet de jumelage entre Pointe-Noire (République du Congo) et Pointe-Noire (Guadeloupe) est en cours de structuration. Deux villes portuaires, deux territoires marqués par l’histoire maritime et coloniale, deux mémoires longtemps dissociées.
Ce projet illustre une tendance de fond : la reconnexion ne se joue pas uniquement entre États, mais aussi à l’échelle des collectivités locales, des acteurs culturels et des citoyens. Il s’agit de retisser des liens durables à partir des territoires eux-mêmes.
8. Kassav’, invité d’honneur des Vodun Days à Ouidah
En janvier 2025, la reconnexion Afrique–Caraïbe prend une dimension culturelle et spirituelle forte lorsque Kassav’, groupe emblématique du zouk et de la Caraïbe, est invité d’honneur des Vodun Days à Ouidah, au Bénin.
Ce choix est lourd de sens. Ouidah, ancien port majeur de la traite transatlantique, est aujourd’hui un lieu central de la mémoire et du vodun. Y accueillir Kassav’, c’est faire dialoguer la musique caribéenne contemporaine avec les racines spirituelles africaines qui l’ont nourrie.
Cet événement montre que la reconnexion ne passe pas seulement par les avions et les accords, mais aussi par la culture vivante, les arts et les émotions partagées. Il incarne une Afrique et une Caraïbe qui se retrouvent non pas dans la nostalgie, mais dans la création et la transmission.
2025, une année charnière plus qu’un simple enchaînement d’événements
Pris séparément, ces faits pourraient sembler isolés. Mais ensemble, ils dessinent une tendance claire : l’émergence progressive d’un espace Afrique–Caraïbe plus connecté, plus fluide et plus assumé.





