🚨 Voici les 5 actus des Antilles-Guyane à retenir cette semaine ⏳🌴
Nouvelle vague de droits de douane américains à partir du 7 août — une taxation renforcée - Actu 1
Une mise à jour de la politique commerciale des États-Unis prévoit l’entrée en vigueur, le 7 août 2025, d’une série de droits de douane sur les produits importés de plus de 90 pays. La plupart des pays des Caraïbes seront taxés à un taux fixe de 10 %, mais Trinité-et-Tobago et la Guyana se voient appliquer un taux singulièrement plus élevé de 15 %.
Échelle des tarifs mondiaux
Le nouveau système tarifaire américain s’apparente à une grille à grande amplitude :
Brésil : 10 %
Inde : 25 %
Suisse : 39 %
Syrie : 41 %
Laos et Myanmar : 40 %
Canada : 35 % (avec des exemptions selon l’AEUMC)
Chine : tarifs différés (entrée en vigueur le 12 août selon les négociations en cours)
Cette décision est qualifiée de "reciprocal tariff adjustment", dans le cadre des actions de rebalancement commercial de l'administration Trump
Pourquoi Trinité-et-Tobago et la Guyana à 15 % ?
Trinité-et-Tobago
Une note d’espoir relative pour ce pays : la majorité de ses exportations vers les États-Unis — comme le pétrole brut et le gaz naturel — restent exemptes des nouveaux tarifs, en vertu d’exemptions particulières.
Le gouvernement a d’ores et déjà entamé des discussions avec l’administration américaine pour évaluer l’impact et peut-être atténuer l’effet global de cette surtaxe.
Guyana
Initialement visée par un droit exorbitant de 38 %, la Guyana a obtenu une réduction à 15 %, suite à une période de concertation de 90 jours avec Washington Plusieurs facteurs expliqueraient cette taxation supérieure :
Un déséquilibre commercial américain vis-à-vis de la Guyana, calculé selon une formule qui prend en compte les échanges bilatéraux et les déficits Stabroek News.
Une analyse géopolitique suggère que l’influence croissante de la Chine en Guyana — avec des investissements massifs dans les infrastructures, les hôpitaux, les ponts et hôtels — pourrait jouer un rôle dans la décision américaine BBC. Ce taux de 15 % pourrait être une manière subtile pour Washington de freiner l’ascension économique de Pékin dans cette région stratégique.
Quelles conséquences pour les exportateurs régionaux ?
Les secteurs non liés aux énergies — comme l’agroalimentaire, les produits manufacturés ou le bois — pourraient être pénalisés par cette hausse de tarif, qui pourrait représenter une augmentation de coût globale de 20 à 25 % sur certaines chaînes logistiques.
À l’échelle régionale, plusieurs gouvernements caribéens envisagent déjà des alternatives :
Diversification des marchés, notamment vers l’Europe, l’Afrique ou l’Amérique latine.
Renforcement de l’intégration intra-régionale via le CSME.
Appels à des négociations bilatérales ou via la CARICOM.
Passeport haïtien : seuls la Grenade et Montserrat restent accessibles sans visa dans la CARICOM - Actu 2
La liberté de circulation des ressortissants haïtiens continue de se réduire dans la région. Selon le dernier classement mondial des passeports 2025 publié par le cabinet britannique Henley & Partners, la Grenade et Montserrat sont désormais les seuls États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) accessibles sans visa pour les détenteurs de passeports haïtiens.
Le rapport, qui couvre 227 destinations et s’appuie sur les données de l’Association du transport aérien international (IATA), indique que les Haïtiens peuvent voyager sans visa vers seulement 15 pays, soit cinq de moins qu’en 2024. Aucun autre pays membre de la CARICOM ne figure sur la liste actualisée des destinations exemptées de visa.
Une mobilité déjà fragilisée par des restrictions régionales
Cette évolution s’inscrit dans un contexte où la mobilité des Haïtiens dans la CARICOM avait déjà été réduite ces dernières années. Plusieurs États membres, invoquant des préoccupations sécuritaires et migratoires, ont progressivement imposé des exigences de visa aux ressortissants d’Haïti.
Ces restrictions avaient suscité des débats sur la cohésion régionale et sur le respect du Traité de Chaguaramas, qui prévoit la libre circulation pour certaines catégories de citoyens dans l’espace CARICOM.
Contexte en Haïti : crise politique et pressions migratoires
La situation interne en Haïti — marquée par une grave instabilité politique, l’augmentation de l’insécurité liée aux gangs et une crise économique persistante — a contribué à la montée des tensions migratoires dans la région.
Plusieurs gouvernements caribéens ont exprimé leur inquiétude face à une hausse des arrivées irrégulières en provenance d’Haïti, ce qui a renforcé la tendance à restreindre l’accès sans visa.
Un contraste marqué avec le reste des Caraïbes
En comparaison, d’autres passeports caribéens offrent une grande liberté de circulation :
Barbade : accès sans visa à 163 pays – 20ᵉ rang mondial.
Bahamas : accès sans visa à 159 pays – 21ᵉ rang mondial.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines : accès sans visa à 156 pays – 24ᵉ rang mondial.
Ces chiffres illustrent un fossé croissant en matière de mobilité entre Haïti et ses voisins de la région.
Sargasses : une action collective lancée aux Antilles pour indemniser les victimes-Actu 3
Une action collective vient d’être engagée en Guadeloupe, Martinique, ainsi que dans les Îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy) afin d’obtenir l’indemnisation des personnes et entreprises affectées par les échouages massifs d’algues sargasses. Cette procédure, portée par le cabinet Excell Avocats, vise à répondre à ce que ses initiateurs qualifient d’« inaction chronique » des autorités depuis près de 15 ans.
Un combat pour la santé publique et l’économie locale
Le recours s’adresse à deux catégories de victimes :
Les particuliers (habitants, écoliers, étudiants, salariés) exposés aux gaz toxiques émis par les sargasses en décomposition, pouvant entraîner des troubles respiratoires et autres pathologies.
Les entreprises implantées dans les zones touchées, subissant des pertes de chiffre d’affaires, des fermetures ou une perte de chance de développer leur activité.
Selon Me Alik Labéjof-Lordinot, avocat associé au cabinet Excell Avocats, cette action collective poursuit deux objectifs :
« Obtenir une indemnisation pour les dommages subis depuis plus d’une décennie et contraindre les autorités publiques à mettre en place des moyens efficaces, comme un ramassage systématique sous 36 heures, pour limiter la libération des gaz toxiques. »
Un problème persistant depuis plus d’une décennie
Les premiers échouages massifs de sargasses dans la Caraïbe remontent à 2010. Depuis, ces algues brunes continuent d’affecter les littoraux, provoquant des nuisances olfactives, des problèmes sanitaires et des impacts économiques importants.
Malgré des initiatives telles que la mise en place de barrages flottants ou l’utilisation d’engins comme le Sargator, les riverains dénoncent un manque de moyens et une absence de stratégie globale à la hauteur de l’ampleur du phénomène.
Faciliter l’accès à la justice
Afin d’encourager la mobilisation, le cabinet d’avocats a ouvert une plateforme d’inscription en ligne. Deux procédures sont proposées :
Pour les particuliers : participation au coût de 189,90 €, sans obligation de fournir de pièces comptables.
Pour les entreprises : participation au coût de 1 489,90 €, avec la nécessité de produire des justificatifs de pertes économiques.
« L’idée, c’est de rassembler un maximum de victimes afin que le message soit fort, que ce soit lors de négociations amiables ou devant les tribunaux. Il faut montrer qu’il ne s’agit pas de cas isolés mais d’un problème qui touche une large part de la population vivant sur le littoral », précise Me Labéjof-Lordinot.
Vers une action massive et coordonnée
Les initiateurs espèrent une participation massive pour donner du poids au dossier et, à terme, inciter les autorités à agir plus efficacement contre les échouages de sargasses.
Les inscriptions sont ouvertes sur le site du cabinet Excell Avocats, avec la volonté affichée de transformer une mobilisation citoyenne en levier juridique pour la santé publique et l’économie locale.
Expulsions massives : plus de 30 000 Haïtiens reconduits chaque mois par la République dominicaine - Actu 4
Une politique migratoire durcie depuis fin 2024
La République dominicaine maintient une ligne ferme face à l’immigration haïtienne. Depuis octobre 2024, le gouvernement du président Luis Abinader a considérablement renforcé ses mesures de contrôle : suspension de la délivrance de visas aux ressortissants haïtiens, augmentation des effectifs militaires à la frontière et intensification des opérations de la Direction générale des migrations (DGM).
Ces mesures interviennent dans un contexte où Haïti traverse une crise humanitaire, sécuritaire et politique majeure, poussant de nombreux citoyens à chercher refuge dans le pays voisin.
Plus de 300 000 expulsions en dix mois
Selon les chiffres officiels, 31 462 Haïtiens ont été expulsés au seul mois de juillet 2025. Sur une période de dix mois, le total dépasse les 300 000 reconduites à la frontière.
Les opérations de la DGM s’étendent à des zones sensibles, y compris dans les hôpitaux et maternités. Des ONG locales et internationales ont dénoncé l’arrestation de femmes enceintes ou venant d’accoucher, reconduites sans délai. Les autorités dominicaines affirment, de leur côté, appliquer la loi migratoire nationale de manière uniforme.
Pression à la frontière et incitations au départ volontaire
En plus des expulsions forcées, le gouvernement dominicain encourage les ressortissants haïtiens en situation irrégulière à quitter le pays « volontairement », sous peine d’être arrêtés et expulsés sans possibilité de recours.
Le mur frontalier construit entre les deux pays, censé limiter les passages irréguliers, n’a pas suffi à freiner le flux migratoire. Les autorités annoncent que les contrôles seront encore renforcés dans les prochains mois, ce qui laisse présager une poursuite des reconduites à un rythme soutenu.
Guyane : cap sur 100 % d’énergies renouvelables en 2027, mais une dépendance aux importations qui interroge - Actu 5
La Guyane française s’apprête à franchir un cap énergétique majeur : atteindre un mix électrique 100 % renouvelable dès 2027 sur le littoral, puis viser l’autonomie énergétique complète d’ici 2030. Cette ambition, inscrite dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie , repose en grande partie sur la mise en service, en 2026, de la méga-centrale EDF du Larivot, fonctionnant au biocarburant importé.
Zone non interconnectée au réseau électrique continental, la Guyane bénéficiait déjà d’un mix composé à 73 % d’énergies renouvelables fin 2022, essentiellement grâce au solaire et à l’hydroélectricité. Les projections sont ambitieuses : +61 MW de solaire d’ici 2033, 20 MW d’éolien (sous réserve de l’accord militaire en raison des radars du centre spatial), ainsi qu’une montée en puissance de la biomasse solide et de la valorisation des déchets.
Le Larivot, pierre angulaire… et talon d’Achille
Avec ses 120 MW, le Larivot remplacera l’ancienne centrale thermique de Dégrad-des-Cannes, obsolète et polluante. Son rôle est double : sécuriser le réseau pour éviter les coupures récurrentes, et servir de soutien en cas de déficit de production renouvelable. Mais son fonctionnement repose sur 100 000 tonnes annuelles de colza importé, faute de filière locale d’agrocarburants. Une dépendance qui inquiète le Syndicat des énergies renouvelables (SER), lequel plaide pour un recours minimal à cette centrale au profit d’un développement plus massif de filières locales.
Une transition énergétique sous influence internationale ?
Si le projet du Larivot est d’abord un chantier porté par EDF et les autorités françaises, certains analystes estiment que la dynamique énergétique guyanaise pourrait aussi intéresser des acteurs étrangers, notamment la Chine. Pékin, déjà impliqué dans des projets énergétiques et d’infrastructures en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, a démontré par le passé son intérêt pour les territoires stratégiques liés à des zones de lancement spatial, à l’exploitation minière et aux corridors énergétiques. Or, la Guyane cumule ces trois caractéristiques : elle abrite le Centre spatial guyanais de Kourou, possède des ressources minières et développe des projets d’énergies renouvelables nécessitant investissements et technologies.
Si aucune implication directe de la Chine n’est aujourd’hui confirmée dans la PPE ou la centrale du Larivot, des rapprochements économiques ont déjà eu lieu via des entreprises intermédiaires et la coopération régionale. Pour Pékin, la Guyane pourrait représenter à terme un point d’appui dans sa stratégie d’influence en Amérique latine et dans les Caraïbes, à l’instar de son intérêt pour le canal de Panama ou pour des parcs solaires à Cuba et en Jamaïque.
Un virage énergétique à surveiller
Pour la Collectivité territoriale de Guyane, l’objectif reste clair : sécuriser l’alimentation électrique tout en réduisant la part des énergies fossiles. Mais tant que les projets renouvelables locaux ne seront pas pleinement opérationnels, la centrale au colza occupera entre 15 % et 35 % du mix énergétique, prolongeant la dépendance aux importations. Dans un contexte mondial où l’énergie devient un levier de diplomatie et d’influence, le dossier guyanais pourrait bien dépasser les enjeux purement environnementaux pour devenir un enjeu stratégique régional.