Droits de douane : Trump menace les petites économies d’Afrique et des Caraïbes - Actu 1
Une décision américaine qui pourrait frapper durement les économies vulnérables
Le président américain Donald Trump a annoncé une nouvelle salve de droits de douane d’au moins 10 %, visant spécifiquement les importations en provenance de petits pays, dont un grand nombre d’Afrique et de la Caraïbe. Cette décision, présentée comme une mesure de « traitement réciproque », suscite de vives préoccupations parmi les dirigeants, les économistes et les organisations internationales.
🧾 Une politique commerciale radicale
« Il s'agit de pays. Beaucoup d'entre eux, vous savez, environ 200 pays », a déclaré Donald Trump dans un discours, laissant entendre que l’objectif était d’appliquer un tarif unique global sur les importations provenant de ces nations. Pour le président américain, il s'agit de corriger un déséquilibre commercial, en imposant à ces pays des règles plus strictes.
Howard Lutnick, secrétaire américain au Commerce, a défendu cette mesure, expliquant :
« Le président veut traiter les petits pays de la manière qu'il juge la plus efficace. Les pays des Caraïbes, les pays africains. Il y en a beaucoup. »
🌍 Une onde de choc pour les pays africains et caribéens
Au Lesotho, un petit pays enclavé d’Afrique australe, les droits de douane pourraient atteindre 50 %, compromettant sérieusement les exportations textiles locales vers les États-Unis. Même si la mise en œuvre est suspendue pendant trois mois de consultation, l’inquiétude grandit quant à l’impact à long terme sur des économies déjà fragiles.
Du côté des Caraïbes, la situation est tout aussi préoccupante. Les pays insulaires, fortement dépendants des importations et des transits via les ports américains, pourraient subir des conséquences dramatiques sur les prix à la consommation.
📈 Une inflation importée qui inquiète
Camillo Gonsalves, ministre des Finances de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a tiré la sonnette d’alarme lors d’une visite à Londres :
« Ces tarifs deviendront un coût ; ils deviendront une taxe, essentiellement pour les consommateurs des Caraïbes. »
Il explique que de nombreux produits de base, bien que fabriqués ailleurs, transitent par les ports américains, notamment à Miami, ce qui les rend indirectement exposés à ces nouveaux droits de douane :
« Fruits, légumes, produits manufacturés, viandes, ciment, acier… Tous passent par ces circuits logistiques. »
Le risque est donc une hausse généralisée des prix, qui viendrait frapper des populations déjà confrontées à l'inflation, aux coûts du transport maritime et à la volatilité des devises.
📣 Des voix s’élèvent à la CARICOM
Mia Mottley, Première ministre de la Barbade et figure respectée au sein de la CARICOM, n’a pas tardé à réagir :
« Ces droits de douane entraîneraient une hausse des prix pour nous tous. Il est injuste que nos petites économies, déjà vulnérables, soient utilisées comme levier de négociation. »
Plusieurs dirigeants caribéens envisagent de porter la question devant l’OMC, qui elle-même a exprimé de sérieuses réserves.
L’OMC appelle à la modération
La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, a exhorté les États-Unis à reconsidérer leur position, appelant à une exemption pour les pays africains et caribéens.
« De telles mesures pourraient anéantir des années de progrès et d’efforts de développement dans des régions qui ont déjà payé un lourd tribut aux crises mondiales. »
✈️ Le Kenya supprime les visas pour l’Afrique… mais exclut Haïti-Actu 2
Une décision saluée sur le continent, mais qui provoque la colère des Haïtiens
Le Kenya vient de franchir une étape historique en supprimant l'obligation de visa pour la majorité des pays africains ainsi que pour plusieurs États de la Caraïbe. Cette initiative est saluée comme un acte fort pour l'intégration régionale, la libre circulation et le développement du tourisme et des affaires. Pourtant, au cœur de cette vague d’enthousiasme, une exclusion majeure fait polémique : celle d’Haïti, pourtant première république noire indépendante et symbole du panafricanisme historique.
🛂 Un accès facilité… sauf pour Haïti
Selon The Kenya Times, les ressortissants des pays concernés n'auront plus besoin de visa, ni même de formulaire électronique, pour entrer au Kenya. Un allègement bureaucratique majeur, qui permettra à de nombreux citoyens africains et caribéens de voyager plus facilement.
Cependant, Haïti, tout comme la Somalie et la Libye, reste exclu de cette mesure. Les ressortissants haïtiens doivent toujours demander un visa électronique (e-visa) avant leur arrivée sur le territoire kényan. Un traitement différencié qui a immédiatement suscité l’indignation d’une partie de la diaspora.
🌍 Une indignation en ligne et des questions sur la cohérence panafricaine
Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Plusieurs internautes haïtiens et sympathisants de la cause panafricaine dénoncent une incohérence idéologique.
« Comment pouvez-vous prétendre accueillir la diaspora africaine et exclure Haïti ? », écrit un utilisateur.
D'autres rappellent que Haïti est un pilier symbolique de la libération noire, et que son exclusion constitue une blessure dans la mémoire collective afro-descendante.
Cette décision a été perçue comme une insulte diplomatique par certains :
« Le Kenya, qui se targue de défendre l’unité africaine, piétine l’héritage de Toussaint Louverture », peut-on lire sur X (ex-Twitter).
⚠️ Un paradoxe géopolitique : les forces kenyanes sont en Haïti
Ce malaise est accentué par une contradiction flagrante : les forces de sécurité kényanes sont actuellement déployées en Haïti, dans le cadre d'une mission multinationale soutenue par l’ONU. Ces troupes sont censées aider à restaurer l'ordre et soutenir les autorités haïtiennes face à la violence des gangs armés.
« C’est absurde : des soldats kényans sont sur notre sol pour défendre la sécurité haïtienne, mais nous ne pouvons même pas entrer librement chez eux », souligne un journaliste haïtien.
🤐 Silence diplomatique et montée de la pression
Jusqu’à présent, aucun responsable kényan n’a justifié cette exclusion. De même, le gouvernement haïtien est resté silencieux, alors que les critiques se multiplient. Ce manque de transparence alimente davantage la frustration, et de nombreux observateurs appellent à une clarification rapide, voire à une révision de la politique de visa.
Jennifer Geerlings-Simons : une femme à la tête du Suriname, entre espoir et défis - Actu 3
Une première historique dans un pays en quête de stabilité
Le Suriname vient de vivre un moment historique. Pour la première fois depuis son indépendance en 1975, ce petit pays d’Amérique du Sud a élu une femme à la tête de l’État. À 71 ans, Jennifer Geerlings-Simons a été choisie par le Parlement pour succéder à Chan Santokhi, marquant un tournant politique inattendu dans une nation en proie à une crise sociale persistante, mais portée par de nouvelles perspectives économiques.
Une élection stratégique pour un pays en mutation
Arrivée en tête des élections législatives du 25 mai, le Parti national démocratique (NDP) de Geerlings-Simons a formé une alliance avec plusieurs petits partis pour obtenir la majorité parlementaire nécessaire à l’accession à la présidence. Le VHP (Parti progressiste de la réforme) du président sortant n’ayant pas présenté de candidat, la voie était libre pour l’opposante de longue date.
Sa victoire n’est pas seulement symbolique : elle pourrait ouvrir une nouvelle ère pour un pays encore marqué par les séquelles des coups d’État militaires, des scandales de corruption et d’une réputation de narco-État sous le précédent régime autoritaire de Desi Bouterse, figure centrale du NDP décédée en décembre dernier.
Une figure expérimentée dans un paysage politique fragilisé
Connue pour son franc-parler et son parcours politique de plusieurs décennies, Jennifer Geerlings-Simons devient présidente dans un contexte particulièrement tendu. Le Suriname, dont la population dépasse à peine les 640 000 habitants, affiche un taux de pauvreté de 20 %, une inflation élevée et une dépendance excessive aux importations.
Son élection résonne comme une révolution douce dans un pays encore en quête de repères identitaires. Le Suriname se distingue en effet par sa diversité linguistique et culturelle : néerlandais officiel, mais aussi sranan tongo, javanais, portugais brésilien, hindi ou anglais cohabitent dans un climat souvent marqué par des tensions communautaires.
Pétrole, Chine et souveraineté : le pari économique de Geerlings-Simons
Le grand espoir du nouveau quinquennat repose sur une ressource stratégique : le pétrole offshore. À l’horizon 2028, la production du Suriname pourrait atteindre 222 000 barils par jour, contre à peine 5 000 actuellement. Ce boom énergétique, porté par d’importantes découvertes de gisements, pourrait transformer en profondeur l’économie du pays.
Dans son discours d’investiture, Geerlings-Simons a promis une redistribution équitable des revenus pétroliers, dans un style populiste assumé. Elle entend imposer aux entreprises locales de travailler avec des Surinamais et de consommer local, tout en renforçant les relations commerciales avec la Chine, partenaire stratégique du pays depuis plusieurs années.
Une présidence à surveiller de près
Alors que le mandat de Chan Santokhi prendra fin le 16 juillet, tous les regards se tournent vers Jennifer Geerlings-Simons. Sa capacité à rétablir la confiance, à gérer les attentes populaires et à préparer l’économie à l’arrivée des revenus pétroliers sera déterminante pour l’avenir du Suriname.
La première présidente du pays devra également composer avec l’héritage controversé de son parti, et convaincre la communauté internationale que son arrivée au pouvoir marque une véritable rupture démocratique. Si elle réussit, son élection pourrait bien devenir un tournant pour toute la région sud-américaine.
CARICOM : vers une libre circulation totale dès 2025 pour quatre États membres - Actu 4
Une étape décisive pour l’intégration régionale à l’horizon du programme 2030
La dynamique d’intégration au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) connaît une avancée historique. À l’issue du 49e sommet des chefs de gouvernement de la CARICOM à Montego Bay, en Jamaïque, le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness, président en exercice de l’organisation, a annoncé une décision majeure : la mise en œuvre de la libre circulation totale des ressortissants dans quatre pays d’ici octobre 2025.
Quatre pionniers : Barbade, Belize, Dominique et Saint-Vincent-et-les-Grenadines
Les premiers États à franchir ce cap sont la Barbade, le Belize, la Dominique et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Ces pays s'engagent à appliquer la libre circulation des personnes, des services, des capitaux, et des entreprises sans restriction d’ici le 1er octobre 2025, dans le cadre du Protocole de coopération renforcée signé en 2023.
Cette décision s’inscrit dans le développement du Marché unique et de l'économie de la CARICOM (CSME), pilier central de l’intégration économique régionale.
« Nous avons convenu que le rythme et l’ampleur de la mise en œuvre étaient tout simplement trop lents », a reconnu Andrew Holness.
« Nous avons convenu de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l’accélérer. »
Objectif : un marché régional unifié et fluide
Concrètement, la libre circulation totale permettra aux ressortissants qualifiés de travailler dans n’importe quel pays membre sans permis de travail, mais aussi de créer une entreprise, fournir des services, et investir dans d'autres États membres du CSME sans barrières administratives.
La démarche est vue comme un test grandeur nature, en amont du déploiement général de la libre circulation dans tous les États membres de la CARICOM à l’horizon 2030.
« Ce que nous lançons ici, c’est plus qu’une réforme. C’est un signal fort : la CARICOM devient plus agile, plus intégrée, plus tournée vers l’avenir », a déclaré Holness.
Un test pour l’intégration régionale
Cette mise en œuvre prévue pour octobre 2025 constitue un test stratégique pour la région. Elle sera suivie de près, notamment lors du prochain Sommet CARICOM-Afrique prévu en septembre en Éthiopie, où les progrès seront évalués.
Guadeloupe : une centrale géothermique inspire la coopération énergétique dans la Caraïbe - Actu 5
L’OECO mise sur le partage des savoirs et l’innovation régionale pour accélérer la transition énergétique
La Commission de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) a organisé, les 23 et 24 juin 2025, une visite d’étude historique en Guadeloupe dans le cadre du programme GEOBUILD, consacré au développement de l’énergie géothermique dans la région. L’événement a marqué une étape cruciale dans le renforcement des capacités régionales et la coopération technique autour d’une ressource locale, renouvelable et stable : la géothermie.
La centrale de Bouillante : un modèle caribéen de succès énergétique
Durant deux jours, des responsables techniques, des coordinateurs de projets et des représentants gouvernementaux des États membres de l’OECO ont pu découvrir sur le terrain la centrale géothermique de Bouillante, en activité depuis 1986. Cette infrastructure, pionnière dans la Caraïbe, fournit aujourd’hui entre 6 % et 7 % de l’électricité de la Guadeloupe, et prévoit d’atteindre 20 MW de capacité d’ici 2026.
Les participants ont rencontré les équipes d’Ormat, l’exploitant actuel, ainsi que le maire de Bouillante, Thierry Abelli, afin de mieux comprendre le cadre de gouvernance, les défis techniques, et les opportunités de développement local.
« La centrale de Bouillante est une preuve concrète que la géothermie peut être une solution viable, durable et locale pour nos îles. »
Mutualiser une foreuse géothermique : une ambition régionale
Face à la volatilité des prix des énergies fossiles et aux objectifs climatiques urgents, plusieurs pays insulaires membres de l’OECO cherchent à lancer ou accélérer leurs propres projets géothermiques. Le défi principal ? Le coût élevé des forages exploratoires, souvent plusieurs millions de dollars par puits, et la dépendance à des équipements étrangers.
Pour y remédier, l’OECO promeut une solution innovante : la mutualisation d’une foreuse géothermique entre les territoires membres. Cette approche permettrait de réduire drastiquement les coûts, de faciliter les campagnes d’exploration, et d’ancrer davantage la souveraineté énergétique régionale.
Des ressources disponibles, mais encore sous-exploitées
Plusieurs îles volcaniques de la Caraïbe orientale — Dominique, Montserrat, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Grenade, Saint-Vincent-et-les-Grenadines — possèdent des réservoirs géothermiques très prometteurs. Cependant, à ce jour, seule la Dominique a entamé la construction d’une centrale, avec l’objectif ambitieux de fournir 50 % de son électricité à partir de la géothermie d’ici fin 2025.
Le potentiel est là. Mais le passage à l’action reste freiné par le manque de coordination, d’équipements communs, et de financement adapté.
GEOBUILD : former, structurer, financer
Pour lever ces obstacles, l’OECO a lancé GEOBUILD — Geothermal Energy: Capacity Building for Utilization, Investment and Local Development — un programme stratégique cofinancé par la Banque de développement des Caraïbes (CDB), en partenariat avec le Caribbean Centre for Renewable Energy and Energy Efficiency (CCREEE).
Ce programme s’articule autour de trois axes :
Renforcement des compétences techniques et institutionnelles ;
Ingénierie financière pour sécuriser les investissements ;
Gouvernance régionale partagée, pour harmoniser les cadres de décision.
Les principaux bénéficiaires — Dominique, Sainte-Lucie, Grenade, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Saint-Kitts-et-Nevis — participent à des formations, des missions de terrain et des échanges techniques, comme cette récente visite en Guadeloupe.
Une culture régionale de la géothermie est en train d’émerger
La coopération énergétique autour de la géothermie n’en est qu’à ses débuts dans la Caraïbe, mais les initiatives récentes témoignent d’un changement d’échelle et de méthode. À travers GEOBUILD et d’autres mécanismes régionaux, les îles de l’OECO posent les bases d’une transition énergétique adaptée à leur réalité insulaire, à la fois plus résiliente, moins dépendante des marchés extérieurs, et porteuse de développement local durable.
« Ce n’est plus un rêve technologique : la géothermie peut devenir la colonne vertébrale énergétique de nos îles », a conclu un représentant de l’OECO lors de l’atelier.