🚨 Voici les 5 actualités des Antilles Guyane à retenir ⏳🌴
Forêt de Guyane : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et appelle l’État à réagir - Actu 1
La forêt guyanaise, couvrant 96 % du territoire de ce département d’outre-mer, fait aujourd’hui l’objet d’un rapport particulièrement critique de la Cour des comptes. Dans un document publié le 21 juillet 2025, l’institution financière pointe une politique forestière à la fois inefficace, mal coordonnée et en décalage avec les enjeux environnementaux, économiques et sociaux du territoire. Face à l’urgence, un référé a été adressé au Premier ministre.
Une richesse sous-exploitée
Avec ses quelque 8 millions d’hectares, la forêt de Guyane représente 31 % du couvert forestier français et joue un rôle majeur dans la régulation du climat. Elle stocke à elle seule 27 % du carbone capté par les forêts de l’Hexagone. Pourtant, malgré cette importance écologique, la Cour des comptes dénonce un manque de valorisation de cette ressource naturelle stratégique.
La filière bois, qui pourrait constituer un levier de développement économique durable, reste marginale. La production annuelle est estimée à environ 70 000 m³, une quantité faible compte tenu des superficies exploitables. Le tissu économique local est peu structuré et repose en grande partie sur des aides publiques. Le chiffre d’affaires de la filière atteint difficilement les 100 millions d’euros par an.
L’orpaillage illégal : un fléau toujours actif
Autre point noir soulevé par la Cour : l’impact environnemental et économique de l’orpaillage illégal, qui continue de ravager des milliers d’hectares de forêt chaque année. Au-delà de la déforestation, cette activité clandestine pollue les sols et les cours d’eau, notamment par l’utilisation du mercure. Les coûts de restauration des sites dégradés sont colossaux : ils sont estimés à 23 millions d’euros par an.
Face à cette pression, les moyens de contrôle restent limités et la coordination entre les différentes autorités, insuffisante. La Cour constate que les politiques forestière et minière sont menées de manière cloisonnée, sans réelle articulation stratégique, ce qui limite considérablement leur efficacité.
Un encadrement à clarifier
Le rapport souligne également le manque de clarté dans les responsabilités de gestion. L’État est à la fois propriétaire et régulateur, mais son rôle est dilué entre différents acteurs — Office national des forêts, Parc amazonien de Guyane, services préfectoraux — sans ligne directrice unifiée. Cette complexité entrave la mise en œuvre d’une stratégie cohérente.
La Cour insiste donc sur la nécessité de redéfinir les objectifs assignés à la forêt guyanaise : doit-elle être prioritairement exploitée, conservée, reboisée ? Le flou persistant empêche toute planification durable.
Des recommandations claires pour l’avenir
Afin de remédier à ces dysfonctionnements, plusieurs recommandations sont formulées. La Cour propose notamment de :
clarifier les objectifs de gestion forestière en distinguant les zones à vocation économique, écologique ou sociale ;
mieux structurer la filière bois en développant des circuits durables et locaux ;
renforcer la coordination entre ministères et institutions en charge de la forêt, de l’environnement et des ressources minières ;
impliquer plus étroitement les collectivités locales, les populations autochtones et les opérateurs privés dans la gestion de la forêt.
Un appel à l’État pour reprendre la main
Le rapport a fait l’objet d’un référé adressé au Premier ministre, soulignant l’urgence d’une réforme en profondeur. Pour la Cour, il est indispensable que l’État reprenne la main sur la gestion de ce patrimoine forestier, à la fois pour répondre aux défis climatiques et pour donner à la Guyane les moyens d’un développement plus durable.
Porto Rico : la résidence de Bad Bunny booste l’économie et affirme une identité culturelle forte -Actu 2
Depuis le 11 juillet 2025, le Coliseo de San Juan vibre chaque soir au rythme des concerts de Bad Bunny. L’artiste portoricain y a lancé une résidence exceptionnelle de 30 dates intitulée “No Me Quiero Ir De Aquí” (Je ne veux pas partir d’ici). Plus qu’un simple événement musical, cette série de représentations à guichets fermés s’impose comme un levier économique majeur et un manifeste culturel inédit.
Un événement aux retombées économiques historiques
Selon une étude commandée par la municipalité de San Juan, cette résidence pourrait générer jusqu’à 377 millions de dollars de retombées économiques, dont 302 millions pour la seule capitale portoricaine. Plus de 600 000 visiteurs sont attendus sur l’ensemble de la période, prévue jusqu’au 14 septembre. Les projections estiment également la création de 3 600 emplois, notamment dans l’hôtellerie, la restauration, le transport et la sécurité.
Les plateformes de réservation comme Airbnb enregistrent une hausse de 140 % des recherches, tandis que les taux d’occupation hôtelière dépassent de 70 % ceux de l’an dernier. La compagnie JetBlue, partenaire officiel de l’événement, a renforcé ses liaisons vers Porto Rico face à une demande aérienne en hausse de 12 %.
Un concert pensé d’abord pour les Portoricains
Dans une démarche inhabituelle, les neuf premiers concerts ont été exclusivement réservés aux résidents de l’île. Une décision saluée localement, perçue comme une marque de reconnaissance envers le public portoricain. L’artiste a par ailleurs invité les touristes à faire preuve de respect envers la culture et les habitants de Porto Rico.
Ce geste symbolique reflète un engagement profond. Pour Bad Bunny, le succès international n’a de sens que s’il reste ancré dans sa terre natale. Il a ainsi refusé d’inclure les États-Unis continentaux dans sa prochaine tournée mondiale “DeBÍ TiRAR MáS FOToS”, estimant qu’y jouer est désormais « inutile ». Il privilégiera plutôt l’Amérique latine, l’Europe, l’Asie et l’Australie.
Une célébration de la culture portoricaine
Chaque soir, le Coliseo José Miguel Agrelot accueille environ 18 500 spectateurs venus assister à un spectacle de trois heures mêlant reggaeton, salsa, et hommages aux racines culturelles de l’île. Des références à la culture taïno, des instruments traditionnels, et des chorégraphies inspirées de rituels autochtones y sont intégrés.
Bad Bunny va même plus loin : il a récemment publié un dictionnaire explicatif des expressions portoricaines utilisées dans ses chansons, à destination des fans étrangers. Une initiative pédagogique visant à promouvoir la richesse linguistique de l’île, sans compromis avec les standards commerciaux mondiaux.
Une stratégie artistique et politique assumée
La résidence “No Me Quiero Ir De Aquí” s’inscrit dans une démarche artistique profondément identitaire. En refusant de filmer le concert pour le diffuser aux États-Unis, Bad Bunny affirme que l’expérience doit rester unique, vécue en direct, et intimement liée à Porto Rico. Il assume un positionnement singulier, à contre-courant des logiques commerciales traditionnelles.
À travers cet événement, Porto Rico redevient un centre culturel rayonnant, attirant les projecteurs du monde entier. Mais c’est aussi une réponse à un contexte local tendu : inflation, pression budgétaire, hausse du coût de la vie. Dans ce cadre, la résidence de Bad Bunny n’est pas qu’un moment festif — c’est un acte de résistance, de fierté et de reconstruction.
Bahamas : un appel régional à la grâce pour Shervandaze Smith, militant anticolonial - Actu 3
Un mouvement panafricain et caribéen s’est formé pour demander la grâce de Shervandaze “Michel l’Archange” Smith, condamné pour avoir endommagé une statue de Christophe Colomb en 2021 à Nassau. Pour ses soutiens, son acte relève d’un geste de protestation légitime contre les vestiges d’un passé colonial douloureux.
Un acte politique ou un délit de droit commun ?
En octobre 2021, Shervandaze Smith a été reconnu coupable d’avoir détérioré la statue de Christophe Colomb située à l’entrée du Government House, résidence officielle du gouverneur général des Bahamas. Jugé pour vandalisme, il a été condamné à une peine de prison.
Mais pour de nombreux défenseurs des droits humains et militants décoloniaux, ce geste s’inscrit dans une dynamique de contestation du symbolisme colonial toujours présent dans l’espace public caribéen. Le Caribbean Freedom Project, coalition de plus de cinquante organisations, plaide aujourd’hui pour la grâce immédiate de Smith, estimant qu’il ne s’agit pas d’un crime, mais d’un acte de résistance anticoloniale.
Le débat sur les symboles du colonialisme
Les partisans de Smith dénoncent l’usage continu de fonds publics pour restaurer et entretenir des statues ou monuments à la gloire de figures telles que Christophe Colomb, qu’ils considèrent comme des symboles de racisme, d’oppression et de violence coloniale.
Dans leur communiqué, les organisateurs affirment :
« Il est temps de faire preuve de clarté morale et de justice historique. Nous appelons le gouvernement des Bahamas à cesser de criminaliser les citoyens qui remettent en cause la glorification du colonialisme. »
Ils invitent le Premier ministre Philip Davis à s’aligner sur les positions exprimées par d’autres dirigeants de la région, notamment Mia Mottley (Barbade) ou Ralph Gonsalves (Saint-Vincent-et-les-Grenadines), tous deux engagés en faveur de la justice réparatrice et de la relecture critique de l’histoire coloniale.
Une affaire emblématique pour la région
Ce dossier, devenu emblématique, intervient dans un contexte régional marqué par la montée des revendications anticoloniales. Ces dernières années, plusieurs îles de la Caraïbe ont renommé des lieux publics, déplacé ou retiré des statues, ou encore exigé des excuses et réparations de la part des anciennes puissances coloniales.
L’affaire Shervandaze Smith relance donc un débat de fond : comment concilier mémoire, justice et liberté d’expression dans les sociétés postcoloniales ? Pour ses soutiens, le maintien de sa condamnation serait un contre-sens historique, et un signal négatif envoyé aux générations futures engagées pour une histoire décolonisée.
Arrestation de Pierre Réginald Boulos par les autorités américaines : soupçons de liens avec des groupes armés en Haïti-Actu 4
Les autorités américaines de l’immigration ont procédé à l’arrestation de Pierre Réginald Boulos, citoyen haïtien et résident permanent légal des États-Unis, pour des violations présumées de la loi sur l’immigration et la nationalité, en lien avec des activités susceptibles de contribuer à l’instabilité en Haïti.
Un homme d’affaires influent au passé politique actif
Médecin de formation et homme d’affaires connu en Haïti, Boulos a été président de la Chambre nationale de commerce et d’industrie, et avait annoncé en 2021 son intention de se présenter à l’élection présidentielle, peu avant l’assassinat du président Jovenel Moïse. Il est également le fondateur du parti MTV Ayiti (Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti).
Son arrestation est intervenue le 17 juillet 2025, selon un communiqué du Service de l’immigration et des douanes (ICE), dans le cadre d’une enquête menée par le Département de la Sécurité intérieure (DHS).
Soupçons de soutien à des groupes violents
Selon les autorités fédérales, Pierre Réginald Boulos aurait soutenu des gangs haïtiens liés à l’organisation Viv Ansanm, désignée comme organisation terroriste étrangère (FTO) par les États-Unis. Il est accusé d’avoir participé à des activités qui ont alimenté les troubles sociaux et politiques en Haïti.
Le Département d’État américain estime que sa présence aux États-Unis pourrait nuire à la politique étrangère du pays. En conséquence, une procédure d’expulsion a été engagée sur la base de l’article 237(a)(4)(C) de la loi sur l’immigration et la nationalité, qui permet l’expulsion des individus dont la présence est jugée préjudiciable à la sécurité ou aux relations internationales.
Des irrégularités dans sa demande de résidence
Outre les accusations de soutien à des groupes armés, les enquêteurs reprochent à Boulos d’avoir omis certaines informations dans sa demande de résidence permanente, notamment son rôle politique au sein de MTV Ayiti, ainsi que d’anciens signalements de corruption par l’agence haïtienne de lutte contre la corruption. Ces faits porteraient notamment sur des détournements de prêts.
Une position ferme des autorités américaines
Dans un communiqué officiel, le Département de la Sécurité intérieure a rappelé sa détermination à agir contre toute personne en situation régulière qui soutiendrait des groupes violents à l’étranger :
« Ces actions soulignent notre engagement à protéger le peuple américain, à promouvoir nos intérêts en matière de sécurité nationale et à soutenir la stabilité régionale. »
Le secrétaire d’État Marco Rubio a renforcé ce message en soulignant que les États-Unis ne toléreront pas que des individus profitent de leur statut légal pour soutenir des activités violentes à l’international :
« Viv Ansanm est l’un des moteurs de la violence en Haïti. Nous ne permettrons pas à des individus d’abuser de leur résidence légale pour favoriser des organisations terroristes criminelles. »
Un contexte de pressions croissantes sur les soutiens aux gangs
Cette arrestation s’inscrit dans une série de mesures prises récemment par Washington contre des individus soupçonnés de soutenir les gangs haïtiens. Les États-Unis cherchent à freiner la montée de la violence en Haïti, qui continue de déstabiliser le pays et de provoquer des vagues de déplacements internes et une crise humanitaire prolongée.
Pierre Réginald Boulos est actuellement placé en détention par les autorités de l’ICE, dans l’attente des suites judiciaires.
Antilles : l’UFC-Que Choisir porte plainte contre Stellantis et Citroën dans l’affaire des airbags Takata-Actu 5
Des plaintes déposées pour "pratiques commerciales trompeuses"
L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a annoncé avoir assigné en justice les groupes Stellantis et Citroën, ce jeudi 18 juillet, devant les tribunaux de Fort-de-France (Martinique) et de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). En cause : l’affaire des airbags défectueux du fabricant japonais Takata, qui touche plusieurs modèles de véhicules du constructeur français.
Selon l’association, des véhicules Citroën équipés d’airbags Takata — reconnus pour leur dangerosité potentielle — continueraient à circuler dans les Antilles sans que leurs propriétaires soient systématiquement informés du risque, ni que des rappels efficaces soient organisés.
Un scandale mondial aux répercussions locales
L’affaire Takata est l’un des plus grands rappels de sécurité automobile de l’histoire. Des dizaines de millions de véhicules dans le monde ont été rappelés depuis 2013, après la découverte d’un défaut majeur dans les airbags, susceptibles d'exploser sous l’effet de l’humidité et de la chaleur, provoquant de graves blessures ou des décès.
Les conditions climatiques tropicales des Antilles accentueraient les risques, selon UFC-Que Choisir, qui affirme que des conducteurs guadeloupéens et martiniquais auraient été exposés à ce danger sans être dûment informés. L’association dénonce des pratiques commerciales trompeuses, voire une forme de négligence des constructeurs vis-à-vis des territoires ultramarins.
Des rappels jugés tardifs et mal exécutés
Dans un communiqué, l’UFC pointe du doigt le manque de réactivité du groupe Stellantis (issu de la fusion de PSA et Fiat-Chrysler), qui aurait selon elle tardé à organiser les rappels nécessaires dans les DOM, alors que des mesures similaires avaient été prises plus tôt dans l’Hexagone.
« Il n’y a pas de citoyens de seconde zone. Les Antillais ont droit à la même sécurité que les autres usagers français », insiste l’organisation.
Quelle suite judiciaire ?
Les deux actions en justice visent à faire reconnaître la responsabilité du constructeur dans ce qu’UFC-Que Choisir considère comme un manquement à ses obligations légales en matière d'information et de sécurité. L'association espère une condamnation pour pratiques commerciales trompeuses, assortie d’une obligation de mieux informer les consommateurs ultramarins et de prendre en charge les réparations.
Pour l’heure, ni Stellantis ni Citroën n’ont réagi publiquement aux accusations. L’affaire pourrait raviver des tensions autour de la gestion différenciée des rappels produits entre les départements d’outre-mer et la métropole.