🚨 Voici les 5 Actualités des Antilles à retenir cette semaine ⏳🌴
Dimanche 9 Novembre 2025
Procès des déboulonnages de statues en Martinique : un verdict attendu le 17 novembre-Actu 1
Le procès des onze Martiniquais poursuivis pour les dechoukaj de statues en 2020 s’est achevé ce vendredi 7 novembre au tribunal correctionnel de Fort-de-France, sans réquisition de peine du ministère public. Le verdict est attendu le 17 novembre, dans un climat où s’entrecroisent histoire, mémoire et justice.
Les onze martiniquais sont accusés de « destruction de biens appartenant à une personne publique », après la chute de plusieurs statues entre mai et juillet 2020, au cœur d’un mouvement de contestation mémorielle. Mais ce dossier dépasse largement la seule question du droit pénal. Il interroge la manière dont l’histoire de l’esclavage et de la colonisation est racontée, transmise et incarnée dans l’espace public martiniquais.
Une contestation de la narration historique dominante
Pour les militants impliqués, les déboulonnages visaient à dénoncer la glorification de figures perçues comme liées à l’esclavage, au colonialisme ou à la domination culturelle.
Parmi elles :
Victor Schoelcher, longtemps célébré comme « l’abolitionniste »,
Joséphine de Beauharnais, impératrice et native de Martinique, associée au rétablissement de l’esclavage en 1802,
Pierre Belain d’Esnambuc, fondateur de la colonisation française en Martinique.
En France hexagonale, le récit national met souvent en avant Schoelcher, président de la commission qui conduit à l’abolition de l’esclavage en avril 1848.
Mais en Martinique, les historiens rappellent que l’abolition a été proclamée localement dès le 23 mai 1848, sous la pression d’une insurrection d’esclaves, avant même l’arrivée du décret officiel le 10 juin.
Pour beaucoup, les statues de Schoelcher matérialisent un récit où la liberté aurait été « donnée » par la métropole, occultant le rôle des résistances et luttes esclaves.
Le 22 mai 2020, jour de commémoration de l’abolition, deux statues de Schoelcher sont donc abattues.
En juillet, celles de Joséphine et de Belain d’Esnambuc suivent.
Un procès où le contexte pèse autant que les faits
Durant trois jours d’audience, les avocats de la défense ont insisté sur :
l’absence de preuves directes reliant certains prévenus aux actes,
la dimension symbolique du geste,
et la nécessité de prendre en compte les luttes mémorielles caribéennes.
À l’extérieur du tribunal, plusieurs dizaines de manifestants ont exprimé leur soutien, clamant « réparation historique », « fierté martiniquaise » et « justice pour notre mémoire ».
Fait notable :
Le parquet n’a formulé aucune réquisition de peine, laissant le juge « déterminer la réponse judiciaire la plus adéquate ». Une décision rare.
Un verdict à forte portée symbolique
Le jugement attendu le 17 novembre sera particulièrement scruté.
Ouragan Melissa : solidarité régionale et mobilisation internationale après des dégâts colossaux - Actu 2
L’ouragan Melissa, classé en catégorie 5 au moment de son passage, a durement frappé la Jamaïque, Haïti et Cuba avant de remonter vers l’Atlantique Nord. Avec des vents dépassant les 280 km/h et des pluies torrentielles, la tempête a affecté près de six millions de personnes dans l’ensemble de la Caraïbe, provoquant des dégâts importants sur les infrastructures, l’agriculture, l’habitat et les réseaux électriques.
Selon L’AGEFI, les premières estimations font état de près de 50 milliards de dollars de pertes économiques. Ce chiffre, encore en révision, inclut les destructions matérielles, les pertes agricoles, les dommages aux infrastructures touristiques et énergétiques, ainsi que l’interruption prolongée des activités économiques. Melissa s’inscrirait ainsi parmi les ouragans les plus coûteux de la dernière décennie dans la région.
Des territoires particulièrement éprouvés
En Jamaïque, l’ouragan a provoqué glissements de terrain, destruction de routes et coupures massives de courant. Les communautés rurales, souvent situées dans des zones montagneuses difficiles d’accès, ont été les plus durement touchées.
En Haïti, déjà confronté à une situation humanitaire critique, l’ouragan a aggravé l’insécurité alimentaire. De nombreuses récoltes ont été perdues, des maisons détruites et plusieurs zones restent isolées.
À Cuba, les provinces orientales ont subi d’importantes coupures d’électricité et des dégâts sur les ports, essentiels aux importations alimentaires du pays. Toutefois, les évacuations préventives ont limité le nombre de victimes.
Une solidarité caribéenne et internationale active
Face à l’ampleur des dégâts, plusieurs pays de la région et au-delà ont mobilisé une aide immédiate.
Les agences de l’ONU, notamment le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l’UNICEF et l’OIM, ont renforcé leurs opérations, particulièrement en Haïti où les infrastructures sanitaires et logistiques restent fragiles.
La mobilisation de la diaspora et des artistes
La solidarité a également pris une dimension culturelle et communautaire.
À Kingston, plusieurs artistes jamaïcains comme Shaggy, Koffee ou Chronixx ont relayé des campagnes de dons.
Usain Bolt a publié un message appelant directement la diaspora caribéenne à « rester unie et solidaire » dans les efforts de reconstruction.
Cette mobilisation joue un rôle essentiel pour accélérer les financements et renforcer la résilience collective.
Un défi de reconstruction durable
Au-delà de l’urgence humanitaire, la Caraïbe se retrouve face à un enjeu majeur : reconstruire en s’adaptant.
Le réchauffement climatique rend les ouragans plus intenses et moins prévisibles, mettant en évidence la nécessité d’investir dans des infrastructures résilientes, des systèmes d’évacuation efficaces et des mécanismes financiers de protection contre les catastrophes.
Melissa rappelle avec force que la Caraïbe, bien que responsable d’une très faible part des émissions mondiales, fait partie des régions les plus exposées aux effets du dérèglement climatique.
Colis postaux : une proposition de loi pour réduire les inégalités en Outre-mer - Actu 3
Une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale vise à instaurer une péréquation tarifaire sur l’envoi des colis dans l’ensemble du territoire français, incluant les départements et collectivités d’Outre-mer. Concrètement, il s’agirait d’appliquer un prix unique national, afin de mettre fin aux différences tarifaires importantes qui touchent aujourd’hui la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin ou encore la Polynésie française.
Pour de nombreux habitants de ces territoires, le coût très élevé des envois postaux est devenu un symbole d’inégalité persistante entre la France hexagonale et les Outre-mer, malgré le principe constitutionnel de continuité territoriale.
Des tarifs nettement plus élevés qu’en France hexagonale
Aujourd’hui, les écarts sont importants.
Par exemple :
Un colis de 2 kg envoyé de Paris à Marseille coûte en moyenne 8 à 10 €.
Le même colis envoyé de Paris à Fort-de-France ou Pointe-à-Pitre peut atteindre 18 à 30 €.
Pour un colis de 10 kg à destination de La Réunion ou de la Guyane, les tarifs s’élèvent fréquemment entre 70 et 120 €, voire davantage selon le transporteur.
Ces coûts élevés affectent directement :
Les familles séparées géographiquement, contraintes de limiter leurs envois.
Les consommateurs, qui doivent souvent payer des frais additionnels pour les commandes en ligne.
Les petites entreprises locales, dont les coûts logistiques sont nettement plus lourds.
Dans des territoires où le coût de la vie est déjà 20 à 40 % plus élevé qu’en France hexagonale, selon les données de l’Insee, cette situation aggrave les inégalités sociales et économiques.
Pourquoi de tels écarts ?
Plusieurs facteurs expliquent cette disparité :
Le transport aérien et maritime, plus complexe et plus coûteux.
Une concurrence limitée entre les transporteurs sur certains territoires.
Des surcoûts opérationnels, liés aux infrastructures logistiques.
L’absence de régulation tarifaire sur les colis, contrairement aux lettres.
En clair : les habitants d’Outre-mer paient le “coût réel” du transport, alors que, pour d’autres services publics, la solidarité nationale compense ces surcharges.
Ce que propose la loi
La proposition vise à mettre en place une péréquation tarifaire, c’est-à-dire un mécanisme d’harmonisation des prix soutenu par l’État, afin d’assurer :
Un prix unique des colis sur tout le territoire français
Indépendamment de la distance ou du transport
Et applicable à tous les opérateurs (La Poste, Chronopost, transporteurs privés…)
Ce modèle s’inspire de celui déjà appliqué à l’envoi des lettres, dont le tarif est identique en métropole ou en Outre-mer.
Ariane 6 réussit son lancement : un succès qui confirme la place stratégique de la Guyane dans l’aventure spatiale européenne - Actu 4
Le 4 novembre 2025, la fusée Ariane 6 a signé une nouvelle étape majeure pour l’Europe spatiale. Le lanceur a décollé à 18h03 depuis le Centre spatial guyanais à Kourou, sous un ciel dégagé, avant de placer avec succès le satellite d’observation Sentinel-1D en orbite.
Trente-quatre minutes plus tard, la séparation du satellite était confirmée, validant une mission maîtrisée de bout en bout.
Cette réussite renforce à la fois la crédibilité du programme Ariane 6, appelé à devenir la colonne vertébrale de l’accès indépendant de l’Europe à l’espace, et le rôle central de la Guyane française dans les opérations spatiales mondiales.
Une mission exécutée sans incident
Ariane 6, ici utilisée dans sa configuration bi-propulseur, a suivi parfaitement la trajectoire prévue.
Les systèmes de propulsion, de guidage et de contrôle de vol ont fonctionné sans la moindre anomalie, confirmant la fiabilité du lanceur lors de phases critiques comme :
la mise à feu des boosters,
la séparation des étages,
l’injection orbitale finale.
L’Agence spatiale européenne a annoncé avoir reçu le premier signal de Sentinel-1D trente-neuf minutes après le décollage, validant le déploiement du satellite sur son orbite héliosynchrone.
Sentinel-1D : observer la Terre pour mieux la protéger
Sentinel-1D appartient au programme Copernicus, le système européen de surveillance environnementale.
Il permettra, entre autres :
de suivre l’évolution des glaciers et des calottes polaires,
d’observer les zones de déforestation,
de surveiller les risques côtiers et marins, comme l’érosion ou les marées noires,
d’améliorer la prévision de catastrophes naturelles comme les inondations.
Son radar à ouverture synthétique (SAR) permet d’obtenir des images précises de jour comme de nuit, même à travers les nuages — un atout majeur pour les zones tropicales et intertropicales.
La Guyane, un acteur clé de l’accès européen à l’espace
Au-delà de la réussite technologique, ce tir rappelle la dimension stratégique du site de Kourou.
Situé près de l’équateur, le Centre spatial guyanais bénéficie d’une position géographique idéale pour minimiser la dépense énergétique lors des lancements orbitaux.
Cela fait de la Guyane :
la porte d’accès à l’espace de l’Europe,
un territoire où travaillent ingénieurs, techniciens, chercheurs et entreprises locales,
un hub scientifique qui attire des compétences du monde entier.
Ce lancement illustre aussi l’importance des retombées économiques, technologiques et éducatives liées à la filière spatiale pour la Caraïbe française.
En Martinique, le groupe Parfait lourdement sanctionné pour non-respect de ses engagements - Actu 5
L’Autorité de la concurrence a prononcé une sanction record de 7,6 millions d’euros à l’encontre du groupe Parfait, acteur central de la distribution alimentaire aux Antilles. Cette décision, rendue publique ce lundi, intervient après que l’entreprise a manqué à plusieurs engagements structurants pris lors du rachat, fin 2022, de l’hypermarché Géant Casino et du centre commercial La Batelière, situés à Schœlcher.
C’est une décision inédite : trois sanctions distinctes sont cumulées dans un même dossier, traduisant la volonté claire de l’Autorité de durcir le ton face aux groupes dominants dans les territoires ultramarins.
Un engagement de cession non respecté
Lors de l’acquisition, le groupe Parfait avait accepté une condition essentielle :
→ revendre l’hypermarché à un concurrent avant septembre 2023, afin de garantir un niveau de concurrence suffisant autour de Fort-de-France.
Mais la cession n’a eu lieu qu’en septembre 2025, soit deux ans de retard, et seulement après plusieurs tentatives avortées. Selon l’Autorité, ces échecs ne sont pas dus au hasard : le groupe Parfait n’a pas fourni l’ensemble des informations nécessaires aux repreneurs potentiels, freinant volontairement le processus.
→ Sanction : 4,5 millions d’euros.
Un site laissé à l’abandon
Au-delà du retard, l’Autorité reproche aussi au groupe d’avoir laissé se dégrader la valeur du site. Une visite sur place a révélé un centre commercial « désorganisé », peu entretenu, dont l’attractivité a considérablement diminué.
Conséquence : même une fois cédé, le site a dû attendre des travaux de remise en état, retardant la réouverture pour les consommateurs martiniquais, déjà confrontés à des choix réduits et à des prix élevés.
→ Sanction : 2,5 millions d’euros.
Entrave au contrôle indépendant
L’Autorité sanctionne également le manque de coopération du groupe avec le mandataire indépendant chargé de veiller à la bonne exécution des engagements.
Ce dernier a constaté des difficultés récurrentes à obtenir des informations, et même des démarches visant à freiner le suivi de la cession.
→ Sanction : 600 000 euros.
Une décision qui s’inscrit dans un contexte de tension autour de la vie chère
Aux Antilles, le marché de la distribution est particulièrement concentré : quelques groupes familiaux (Parfait, Despointes, Hayot, Ho Hio Hen, etc.) occupent des positions dominantes, renforcées par la géographie insulaire et les coûts d’importation.
Cette situation alimente depuis des années un sentiment d’injustice autour de la vie chère, à l’origine de grandes mobilisations sociales, notamment en 2009 et à nouveau en 2023. Les habitants dénoncent :
des prix alimentaires supérieurs de 20 à 45 % à ceux de l’Hexagone,
une faible concurrence entre enseignes,
et des marges jugées excessives.
Dans ce contexte, l’affaire Parfait ne relève pas simplement d’un litige administratif : elle symbole le refus croissant de l’État de laisser perdurer des situations de quasi-monopole nuisibles au pouvoir d’achat local.






