🚨 Voici les 5 Actualités des Antilles à retenir cette semaine ⏳🌴
Crise, coopération et environnement : saisie d’un pétrolier par les États-Unis, accord historique Barbade–Dominique, coraux en danger et renforts policiers pour Haïti.
Caraïbes : les États-Unis saisissent un pétrolier au large du Venezuela, Caracas crie à la “piraterie navale”- Actu 1
Les tensions entre Washington et Caracas ont franchi un nouveau cap cette semaine. Mercredi 10 décembre, Donald Trump a annoncé que les États-Unis avaient saisi un « très grand pétrolier » au large des côtes vénézuéliennes, une opération menée sans détails publics mais qui s’inscrit dans l’escalade des pressions économiques et militaires visant le gouvernement de Nicolás Maduro.
Une saisie spectaculaire, mais entourée de zones d’ombre
Lors d’une déclaration improvisée, Donald Trump a affirmé :
« Nous venons tout juste de saisir un pétrolier au large du Venezuela, un grand pétrolier, le plus grand jamais saisi. »
Le président américain n’a toutefois fourni aucune précision sur le nom du navire, sa nationalité, sa cargaison exacte ou sa destination. Il a simplement indiqué que la cargaison serait conservée par les États-Unis, évoquant des « raisons très sérieuses » justifiant l’opération.
Cette saisie intervient alors que Washington multiplie les interceptions et frappes contre des embarcations accusées de transporter de la drogue en mer des Caraïbes un axe stratégique au cœur des opérations américaines de surveillance maritime.
Un nouveau coup porté à l’économie pétrolière vénézuélienne
Principale source de revenus du Venezuela, le pétrole brut est soumis à un embargo américain depuis 2019. Le pays est ainsi contraint d’écouler sa production sur le marché noir, souvent à destination de la Chine, à des prix nettement inférieurs aux cours internationaux.
Selon les analystes, le Venezuela produit environ 1,1 million de barils par jour, dont une partie transite par des routes maritimes de plus en plus risquées. La saisie de ce pétrolier qui pourrait transporter entre 1,1 et 1,9 million de barils selon les versions pourrait avoir un effet dissuasif sur les acheteurs et fragiliser encore l’économie déjà exsangue de Caracas.
L’Union européenne prévoit d’ailleurs une chute de 75 % de ses importations de pétrole vénézuélien en 2025, selon Jaime Luis Socas, son représentant commercial au Venezuela.
Maduro dénonce un acte de “piraterie navale criminelle”
Nicolás Maduro n’a pas tardé à réagir. Lors d’une intervention télévisée, le président vénézuélien a accusé les États-Unis d’avoir mené un « assaut militaire » contre un navire marchand :
« Ils ont enlevé les membres d’équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère de piraterie navale criminelle dans les Caraïbes. »
Il affirme que le pétrolier qu’il ne nomme pas naviguait en direction de l’Atlantique, au nord de Trinidad-et-Tobago, en route vers les marchés internationaux. Il assure également que le pétrole transporté avait été payé d’avance au Venezuela.
Cependant, des données du site MarineTraffic indiquent qu’un navire identifié comme Skipper transportait 1,1 million de barils et se dirigeait vers Cuba, selon des informations du Washington Post un élément que Maduro n’a pas confirmé.
Équipage introuvable et réactions diplomatiques en préparation
Le président vénézuélien s’est montré particulièrement alarmé concernant le sort de l’équipage :
« Personne ne sait où ils sont. »
Il a annoncé avoir donné instruction à son gouvernement de lancer des actions juridiques et diplomatiques pour contester la saisie. Caracas pourrait notamment invoquer des violations du droit maritime international et dénoncer l’opération devant les instances des Nations unies.
Maduro a également déclaré vouloir « sécuriser tous les navires » transportant du pétrole vénézuélien, laissant entendre un renforcement des escortes ou une modification des routes d’exportation.
Une nouvelle crise dans une Caraïbe sous tension
Cette saisie intervient dans une région déjà sous pression :
multiplication des opérations américaines contre les trafics dans la mer des Caraïbes,
relations déjà très tendues entre Washington et Caracas,
fragilité des économies caribéennes dépendantes du pétrole et des importations,
montée des préoccupations autour de la militarisation croissante des eaux régionales.
Alors que les États-Unis affirment cibler les flux illégaux et renforcer la sécurité maritime, le Venezuela y voit une violation de sa souveraineté et une offensive destinée à étrangler son secteur pétrolier.
L’affaire pourrait durablement modifier l’équilibre géopolitique de la mer des Caraïbes, où chaque interception, chaque frappe et désormais chaque saisie de navire attise le risque d’une confrontation diplomatique plus large.
Barbade – Dominique : un accord touristique historique pour transformer le tourisme caribéen - Actu 2
La Barbade et la Dominique, deux des destinations les plus emblématiques de la Caraïbe, ont signé un accord historique visant à redéfinir les dynamiques touristiques régionales. Plutôt que de se livrer à une concurrence traditionnelle pour attirer un nombre limité de visiteurs, les deux îles ont choisi de passer à une logique de coopération active et stratégique.
Un protocole d’entente signé lors de la SOTIC 2024
Le partenariat a été officialisé le 1er octobre à l’hôtel Hilton Barbados Resort, en marge de la Conférence sur l’état de l’industrie touristique (SOTIC). Le protocole d’entente prévoit un vaste éventail de collaborations :
campagnes marketing conjointes,
création d’itinéraires touristiques multi-îles,
renforcement de la connectivité aérienne et maritime,
actions coordonnées pour accroître la visibilité internationale des deux destinations.
À l’origine du projet, Graham Clarke, directeur Caraïbes de Barbados Tourism and Marketing Inc., a souligné que la coopération et la mise en commun des forces permettent d’obtenir de meilleurs résultats que la compétition frontale ».
Une complémentarité naturelle entre les deux îles
L’accord repose sur une logique simple : faire de la diversité caribéenne une force plutôt qu’un obstacle.
La Barbade dispose d’une industrie touristique structurée, de connexions aériennes solides et d’une image déjà très implantée sur les marchés nord-américains et européens.
La Dominique, quant à elle, mise sur son positionnement unique : l’île la plus verte des Caraïbes, un sanctuaire écologique fait de forêts tropicales, de volcans, de sources chaudes et de traditions culturelles préservées.
En combinant ces atouts, les deux pays entendent attirer davantage de voyageurs, prolonger leur séjour et proposer une expérience plus riche : plages et gastronomie à la Barbade, immersion nature et culture vivante en Dominique.
Mas Domnik 2026 : le premier grand rendez-vous commun
L’un des premiers événements phares intégrés à cette stratégie est Mas Domnik 2026, le carnaval de la Dominique, qui aura lieu du 10 janvier au 18 février. Les offices du tourisme misent sur cette période clé pour inciter les visiteurs à combiner un séjour balnéaire à la Barbade avec une expérience culturelle intense et authentique en Dominique.
Les responsables affirment que cette synergie pourrait rapidement devenir un modèle régional, en offrant une véritable expérience multi-destinations au sein des Petites Antilles.
Vers une Caraïbe plus unie et plus compétitive
À travers ce partenariat, la Barbade et la Dominique affichent une vision commune : celle d’une Caraïbe qui mise sur ses liens, ses complémentarités et sa diversité pour renforcer son attractivité mondiale.
Au-delà du tourisme, ce protocole montre une évolution stratégique majeure : voir la mer des Caraïbes non plus comme une frontière, mais comme une route commune, un espace de circulation et de coopération.
Si la démarche inspire d’autres territoires caribéens, elle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de collaboration régionale, où les îles deviennent partenaires plutôt que rivales.
Îles Vierges britanniques : Londres ouvre la voie à un nouveau cadre de gouvernance-Actu 3
Le Royaume-Uni s’apprête à redéfinir profondément sa relation avec les Îles Vierges britanniques (BVI). Lors du dernier Conseil ministériel conjoint (CMC), Londres a annoncé son intention de négocier avec ses territoires d’outre-mer de nouveaux « pactes de partenariat », un dispositif inédit visant à clarifier les responsabilités, renforcer la coopération et apaiser des tensions institutionnelles devenues récurrentes.
Un nouveau modèle de relation : de la tutelle à la contractualisation
Ces pactes de partenariat non obligatoires, mais fortement encouragés seraient des accords formels définissant noir sur blanc les engagements du Royaume-Uni et ceux du territoire concerné. Ils porteraient sur :
l’autonomie démocratique,
la bonne gouvernance et la transparence,
la sécurité et la justice,
la gestion des catastrophes,
le développement économique et la coopération environnementale.
L’objectif, selon Londres, est d’établir un cadre clair, prévisible et consensuel, rompant avec les zones grises qui ont souvent alimenté les incompréhensions entre la métropole et ses territoires.
Le principe mis en avant est sans équivoque : « rien sur vous sans vous », un engagement à ce que toute décision soit co-construite, et non imposée unilatéralement.
Enjeux cruciaux pour les Îles Vierges britanniques
Pour les BVI, les implications pourraient être majeures. Un pacte de partenariat offrirait :
plus de clarté sur le champ d’intervention du Royaume-Uni, notamment dans le cadre de la réforme constitutionnelle en cours ;
un renforcement du soutien britannique dans des domaines sensibles comme la police, la sécurité des frontières, la justice pénale, ou encore la gestion des catastrophes naturelles, un enjeu crucial dans une région exposée aux ouragans ;
une meilleure prise en compte des spécificités locales, évitant l’application de modèles uniformes conçus pour d’autres territoires britanniques.
Cette perspective intervient dans un contexte où les BVI cherchent à consolider leur gouvernance et à restaurer la confiance avec Londres après la Commission d’enquête de 2022, qui avait mis en lumière des dysfonctionnements politiques et conduit à des demandes de réforme strictes.
Une relation historiquement complexe
Bien que souvent décrite comme « familiale », la relation entre les BVI et le Royaume-Uni reste marquée par un sentiment d’inégalité. Les dirigeants locaux dénoncent de longue date un déséquilibre dans le partage du pouvoir, aggravé par les pressions post-enquête et les débats autour de la modernisation constitutionnelle.
Une décision attendue des BVI
Le gouvernement des Îles Vierges britanniques n’a pas encore annoncé s’il souhaitait officiellement entamer la négociation d’un tel accord. Mais, au moment où le territoire tente de tourner la page d’une période politiquement délicate, beaucoup s’attendent à ce que cette option soit examinée de près.
Les discussions constitutionnelles en cours, les enjeux de gouvernance et la nécessité de reconstruire un climat de confiance donneront à ce futur pacte s’il est adopté un poids politique considérable.
Les récifs coralliens des Caraïbes en danger : près de la moitié des coraux durs ont disparu depuis 1980- Actu 4
Les récifs coralliens des Caraïbes traversent l’une des plus graves crises écologiques de leur histoire. Selon une étude du Réseau mondial de surveillance des récifs coralliens (GCRM), la région a perdu 48 % de son couvert de coraux durs depuis 1980. Une hémorragie silencieuse qui menace l’équilibre écologique, économique et social de toute la zone caribéenne.
Un effondrement accéléré par les vagues de chaleur marines
Le principal facteur de ce déclin massif est le dérèglement climatique, qui provoque des vagues de chaleur marines toujours plus intenses. Ces épisodes extrêmes perturbent les microalgues symbiotiques qui nourrissent les coraux et leur donnent leur couleur. Devenues toxiques sous l’effet de la chaleur, elles sont expulsées par les coraux, entraînant un phénomène bien connu : le blanchiment.
Selon le Dr Jérémy Wicquart, chercheur au GCRM, les années 2023-2024 ont été marquées par « le stress thermique le plus destructeur jamais enregistré dans les Caraïbes ». À elles seules, ces vagues de chaleur ont provoqué une chute supplémentaire de 16,9 % du couvert corallien en un an.
Un écosystème autrefois foisonnant réduit à l’os
Il y a quarante ans, les plongeurs évoluaient dans des décors vibrants, riches en centaines d’espèces : langoustes, strombes géants, poissons-perroquets, tortues marines ou encore requins. Aujourd’hui, dans de nombreux sites, les coraux apparaissent uniformément blancs, signes d’un écosystème affaibli et en péril.
Les récifs coralliens ne couvrent pourtant qu’1 % des fonds marins, mais ils abritent au moins 25 % de la biodiversité marine mondiale. Leur disparition entraînerait un effondrement en cascade des espèces qui en dépendent.
Les cyclones tropicaux aggravent encore les dégâts : plus fréquents, plus violents, ils réduisent les structures coralliennes affaiblies en simples débris.
Un impact économique colossal pour la Caraïbe
Les récifs coralliens représentent un pilier économique majeur. Dans la région, ils génèrent 6,2 milliards de dollars par an, principalement grâce :
au tourisme, qui pèse près de 10 % du PIB caribéen,
et à la pêche, indispensable à la sécurité alimentaire locale.
Mais à mesure que les coraux disparaissent, ils sont remplacés par des macroalgues qui étouffent les zones récifales. Leur présence a augmenté de 85 % depuis 1980, encouragée par la surpêche des poissons herbivores, comme les poissons-perroquets, qui limitaient autrefois leur croissance.
Une pression humaine croissante
Particularité des Caraïbes : la densité humaine autour des récifs. Depuis l’an 2000, la population vivant à moins de 20 km des récifs a augmenté de 27,6 %. Cela signifie :
davantage de pollution côtière,
une gestion insuffisante des eaux usées,
un tourisme mal régulé,
une urbanisation qui fragilise les écosystèmes littoraux.
Les récifs caribéens subissent donc un double choc : la pression humaine locale, et le changement climatique global.
Des raisons d’espérer : résilience, protection et restauration
Malgré la gravité de la situation, l’étude apporte une lueur d’espoir. Au sud du golfe du Mexique, des scientifiques ont identifié des colonies de coraux anciennes et résilientes, indemnes de maladies, abritant même des espèces en danger critique d’extinction.
En réaction, le gouvernement mexicain a créé une nouvelle aire marine protégée, connectant deux parcs nationaux pour former un vaste corridor écologique propice au renouveau corallien.
Selon Sinikinesh Beyene Jimma, du Programme des Nations Unies pour l’environnement :
« Les données scientifiques sont sans équivoque, mais elles sont aussi porteuses d’espoir. Lorsque les pressions diminuent, les récifs coralliens des Caraïbes se régénèrent. »
Haïti : le Kenya renforce le contingent policier de la mission internationale face à l’emprise croissante des gangs - Actu 5
Le Kenya a déployé ce lundi de nouveaux policiers en Haïti afin de renforcer la Mission multinationale de sécurité mandatée par l’ONU. Cette rotation intervient alors que les gangs armés contrôlent désormais l’immense majorité de Port-au-Prince et que la crise politique et sécuritaire continue de paralyser le pays.
Un renfort crucial dans un contexte de violences extrêmes
Selon une source gouvernementale haïtienne, 230 policiers kényans ont atterri lundi dans la capitale pour remplacer environ une centaine d’agents arrivés au terme de leur mission. Cette relève vise à maintenir une présence opérationnelle constante sur le terrain, afin d’exercer une pression continue sur les groupes criminels qui étendent leur domination.
D’après les estimations des Nations unies, les gangs contrôlent près de 90 % de Port-au-Prince : un niveau d’emprise inédit qui se traduit par une explosion des violences, des enlèvements et des pillages. La situation s’est encore aggravée début 2024, lorsque l’escalade des attaques armées a précipité la démission du Premier ministre Ariel Henry, plongeant le pays dans un vide politique durable.
Une mission internationale encore insuffisamment dotée
Face à l’effondrement sécuritaire, le Conseil de sécurité de l’ONU avait approuvé en 2023 la création d’une force multinationale de sécurité dirigée par le Kenya. Cette mission devait rassembler environ 2 500 agents, avec pour objectif d’appuyer une Police nationale haïtienne largement dépassée, sous-équipée et en sous-effectif.






