🧪 Scandale du chlordécone : le Sénat reconnaît (partiellement) la responsabilité de l’État
Le jeudi 13 juin 2025, le Sénat français a adopté une proposition de loi historique reconnaissant une part de responsabilité de l’État dans l’utilisation massive du chlordécone, un pesticide toxique ayant durablement contaminé les sols de Martinique et de Guadeloupe. Bien qu'attendue depuis des années, cette reconnaissance reste limitée selon plusieurs élus, associations et collectifs de victimes.
⚖️ Ce que la loi prévoit :
Reconnaissance des préjudices sanitaires, environnementaux et économiques subis par les populations et les territoires.
Mise en place d’actions de dépollution, notamment la détection et le traitement des terres agricoles contaminées.
Renforcement du suivi médical, incluant un dépistage systématique du cancer de la prostate pour les hommes dès 45 ans dans les deux îles.
Création d’une commission scientifique indépendante chargée de mieux documenter les impacts du chlordécone sur la santé.
⚠️ Les limites du texte
Malgré cette avancée symbolique, plusieurs points ont été dénoncés par les élus d’outre-mer :
Aucune création d’un fonds d’indemnisation spécifique pour les victimes.
Le préjudice moral d’anxiété n’est pas généralisé, alors qu’il concerne potentiellement des dizaines de milliers de personnes.
Aucune mise en cause des industriels ou responsables politiques, bien que l’État ait autorisé l’utilisation du produit bien après son interdiction aux États-Unis.
Ces limites alimentent un sentiment d’injustice, notamment chez les agriculteurs, les pêcheurs et les femmes enceintes fortement exposées au pesticide.
📊 Une contamination de masse
Les chiffres révèlent l’ampleur du scandale :
Environ 92 % des adultes en Martinique et en Guadeloupe ont des traces de chlordécone dans leur sang (Santé publique France).
La Martinique affiche le taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde : 227 cas pour 100 000 habitants, contre 90 à 100 en moyenne en métropole (INSERM, INCa).
De nombreuses femmes enceintes sont également contaminées, exposant les nouveau-nés à un risque sanitaire accru.
🎣 Pêcheurs et agriculteurs parmi les plus touchés
Les zones côtières et les rivières contaminées ont forcé de nombreux pêcheurs à abandonner leur activité, sans véritable compensation. Les agriculteurs, eux, sont contraints de cultiver sur des terres bétonnées ou hors-sol, avec des coûts élevés et une perte d’autonomie alimentaire.
La contamination du sol sur plusieurs siècles rend les terres difficilement exploitables et pose un enjeu majeur de développement durable.
🧭 Le difficile combat pour le préjudice moral
Quelques rares personnes – comme deux ouvrières agricoles guadeloupéennes en 2025 – ont obtenu réparation pour préjudice moral d’anxiété, à hauteur de 10 000 euros environ. Mais ces cas sont isolés et exigent des démarches juridiques complexes, souvent hors de portée des personnes les plus modestes.
Les associations réclament une reconnaissance automatique, sur le modèle de l’amiante ou du Mediator.
Haïti : un nombre record de déplacés internes face à la violence des gangs
🔺 1,3 million de personnes déplacées : c’est le chiffre alarmant publié ce mercredi par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Il marque un record historique en Haïti, conséquence directe de l’escalade de la violence liée aux gangs.
📈 Depuis décembre 2024, le nombre de déplacés internes a augmenté de 24 %, soit la plus forte hausse jamais enregistrée en si peu de temps dans le pays.
📍Port-au-Prince, la capitale, demeure le principal foyer de violence, mais l’instabilité gagne aussi des régions périphériques, forçant des milliers de familles à fuir vers des zones jugées plus sûres.
🏚️ La majorité des déplacés vivent dans des conditions extrêmement précaires : abris de fortune, écoles transformées en camps temporaires, manque d’accès à l’eau, à l’alimentation et aux soins de santé de base.
🔒 L’OIM souligne que cette crise humanitaire est aggravée par l’effondrement des services publics, l'absence de sécurité, et une économie à bout de souffle.
📢 Les agences humanitaires appellent la communauté internationale à renforcer l’aide d’urgence et à trouver des solutions durables pour restaurer la sécurité et soutenir les populations déplacées.
Le Guyana, seul pays au monde 100 % autosuffisant en alimentation 🌾🥭
Selon une étude récente publiée dans la revue scientifique Nature Food, le Guyana est désormais le seul pays au monde parmi 186 analysés à être totalement autosuffisant sur le plan alimentaire. Cela signifie que le pays produit localement tous les nutriments nécessaires à sa population sans dépendre d’importations alimentaires.
🔍 Un cas unique d’autonomie alimentaire
L’étude prend en compte des critères précis : calories, protéines, lipides, diversité des cultures, mais aussi résilience des systèmes agricoles. Le Guyana dépasse le seuil de 100 % dans toutes les catégories, ce qui le distingue même des grandes puissances agricoles comme les États-Unis, la Chine ou le Brésil, qui restent dépendants d’échanges internationaux pour certains produits de base.
Cette performance est d’autant plus remarquable que le Guyana a une population relativement faible (environ 800 000 habitants), ce qui facilite une gestion territoriale et agricole plus ciblée.
🌱 Un succès soutenu par la CARICOM
Ce résultat s’inscrit dans le cadre de l’initiative régionale “Vision 25 d’ici 2025”, lancée par la CARICOM, visant à réduire de 25 % la facture d’importations alimentaires de la région d’ici 2025. Le Guyana joue un rôle de premier plan dans cette stratégie en servant de modèle de souveraineté alimentaire.
Avec son surnom de “grenier à blé des Caraïbes”, le pays fournit déjà du riz, du sucre, des légumes, du poisson et des légumineuses à plusieurs États insulaires de la région. Il investit également dans l’agriculture de précision, les semences climato-résilientes et les infrastructures de transformation agroalimentaire.
⚠️ Défis à surveiller
Malgré ses atouts, le Guyana n’est pas exempt de défis :
Les inondations fréquentes, exacerbées par le changement climatique, menacent certaines zones agricoles.
La transition vers une agriculture durable (notamment sans pesticides) reste un objectif à atteindre.
L’essor économique lié au pétrole pourrait détourner l’attention des priorités agricoles.
📢 Une opportunité régionale
Alors que la Caraïbe dépend à près de 60 % des importations alimentaires, le modèle guyanais montre qu’un changement de paradigme est possible, en misant sur :
La sécurité alimentaire comme pilier de souveraineté ;
Le soutien aux petits agriculteurs locaux ;
Et une intégration économique caribéenne plus forte autour de l’agriculture.
🏝️ Assises populaires contre la vie chère en Martinique : un forum citoyen engagé
📅 Les 13 et 14 juin 2025, l’Espace Laguerre, situé à Petit-Bourg et Rivière‑Salée, accueille les Assises populaires contre la vie chère. Cet événement gratuit, co-organisé par les députés Marcellin Nadeau et Jean‑Philippe Nilor, fait suite à près de neuf mois de mobilisation initiée par le RPPRAC et à huit mois après un protocole d’objectifs signé en réponse à la vie chère. Il intervient alors que le ministre des Outre‑mer, Manuel Valls, prépare un projet de loi sur le pouvoir d’achat 🛒.
🎯 Objectifs de l’événement
Favoriser un dialogue participatif entre citoyens, élus, syndicats, associations, universitaires, économistes — dont la présidente du groupe LFI‑NFP, Mathilde Panot, et d’autres parlementaires ultramarins.
Aborder les multiples facettes de la vie chère : alimentation, logement, énergie, transports et services.
Proposer des solutions concrètes, alimentées par les expériences locales et nationales, et éclairées par des spécialistes de la grande distribution (ex. Christophe Girardier)
🗣️ Déclarations
Le député Jean‑Philippe Nilor a souligné la volonté de faire émerger des réponses gouvernementales efficaces :
« Donner la parole au gouvernement, analyser leurs propositions avec l’aide d’experts »
Il a également insisté sur la complexité du phénomène :
« La vie chère, ce n’est pas que l’alimentation… logement, énergie, transports aussi »
Pour Marcellin Nadeau, le protocole signé il y a huit mois constitue « un premier pas », mais il reste incomplet, notamment en raison d’effets de compensation entre secteurs et d’une répartition inégale des bénéfices
🌍 Enjeux et perspectives
Mobilisation citoyenne et territoriale : participation attendue d’élus et de représentants ultramarins de Guadeloupe, Guyane, Réunion, Nouvelle‑Calédonie ; un signal d’unité face à l’enjeu du pouvoir d’achat
Renforcement du dialogue national : événement conçu pour compléter le projet de loi du gouvernement, avec une large implication du RPPRAC.
Stratégie de long terme : les assises visent à formuler des propositions durables, dépassant la mobilisation ponctuelle, en impliquant directement les bénéficiaires du dispositif et de la société civile.
🌉 Guyane : les Brésiliens d’Amapá peuvent désormais entrer sans visa
Depuis le 5 juin 2025, les ressortissants de l’Etat brésilien d’Amapá peuvent désormais entrer en Guyane française sans visa pour de courts séjours. Cette mesure, annoncée à l’occasion de la visite du président Lula à Paris et soutenue par Emmanuel Macron, vise à renforcer la coopération transfrontalière entre les deux régions.
📌 Ce que prévoit l’accord
Suppression de l’obligation de visa de court séjour pour les Brésiliens d’Amapá, dans le cadre d’un accord réciproque : jusqu’ici, les Guyanais pouvaient se rendre au Brésil sans visa, et la mesure rétablit une symétrie.
Conditionné à un accord de transfert pénitentiaire : l’exemption sera appliquée après signature finale, y compris d’un protocole pour rapatrier les détenus brésiliens condamnés en Guyane.
🤝 Une avancée pour la coopération régionale
Cette levée de visa répond à une demande de longue date des habitants d’Amapá et de Guyane, désireux de faciliter :
les échanges économiques et culturels,
la cooperation dans la santé et l’éducation,
les activités transfrontalières, notamment via le pont de l’Oyapock et les échanges humains fréquents.
⚠️ Enjeux à anticiper
La mise en place du transfert pénitentiaire pourrait retarder l’entrée en vigueur définitive de l’accord.
Il faudra veiller à un renforcement des dispositifs de suivi en santé, sécurité et infrastructures, pour que cette ouverture soit durable et équilibrée.
🌍 En perspective
Avec cette décision, la Guyane et l’Amapá posent un pas concret vers une intégration régionale renforcée, favorisant une gestion commune des défis frontaliers (comme la pêche illégale, la santé transfrontalière et la circulation des personnes). Cela répond à une vision plus large de cooperation Amazonie‑Caraïbes, portée par les institutions régionales.