Santé mentale des jeunes : des inégalités marquées entre l’Hexagone et les Outre-mer - Actu 1
Une enquête conjointe de la Mutualité française, de l’Institut Montaigne et de l’Institut Terram, intitulée « Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités », dresse un constat préoccupant : près de 40 % des jeunes des départements et régions d’Outre-mer (DROM) souffrent de dépression, contre 19 à 28 % dans l’Hexagone.
Des chiffres alarmants dans certains territoires
Les données montrent des écarts marqués selon les territoires :
52 % en Guyane,
44 % en Martinique,
43 % à Mayotte.
Ces proportions dépassent largement la moyenne nationale. L’étude souligne que ces difficultés psychiques s’accompagnent d’un fort sentiment d’insatisfaction vis-à-vis des services publics essentiels (santé, éducation, transports), relevé par 43 % des jeunes ultramarins, contre 21 % dans l’Hexagone.
Inégalités territoriales et sentiment d’isolement
Selon le rapport, les fragilités individuelles des jeunes sont amplifiées par des inégalités sociales et spatiales : précarité socio-économique, chômage élevé, isolement géographique ou manque de débouchés économiques. Ainsi, 58 % des jeunes ultramarins déclarent ressentir un état d’isolement, contre 41 % en moyenne nationale.
L’accès aux loisirs, à la culture et au sport est également jugé insuffisant par 37 % des jeunes dans les DROM, contre seulement 16 % en métropole.
Recours aux soins limité
Malgré des indicateurs préoccupants, les jeunes ultramarins consultent moins souvent les professionnels de santé que leurs homologues de l’Hexagone.
30 % ont déjà parlé de leur santé mentale à un professionnel, contre 38 % en moyenne nationale.
Les écarts sont importants selon les territoires : 34 % en Martinique, contre seulement 26 % en Guyane et 27 % à Mayotte.
Recommandations
Alors que la santé mentale est Grande Cause nationale en 2025, le rapport recommande :
de faciliter l’accès aux soins et d’en limiter les coûts,
de renforcer la prévention et la sensibilisation,
de développer les leviers de bien-être au quotidien, tels que le sport, la culture et les espaces de sociabilité.
Dominique : un projet géothermique historique pour transformer le mix énergétique - Actu 2
La Banque de développement des Caraïbes (BDC) a finalisé le financement d’un projet géothermique de 10 mégawatts (MW) en Dominique, une étape considérée comme historique pour l’île et la région. C’est en effet le premier projet géothermique caribéen à atteindre ce niveau de concrétisation avec un partenaire du secteur privé. La mise en œuvre sera assurée par la Geothermal Power Company of Dominica (GPC), filiale d’Ormat Technologies Inc., acteur international de référence dans le développement de l’énergie géothermique.
Un potentiel géothermique exceptionnel
La Dominique est située sur l’arc volcanique des Petites Antilles, une zone particulièrement riche en ressources géothermiques. Depuis les années 1980, des études ont confirmé la présence de réservoirs souterrains à haute température, mais le développement de la filière avait jusqu’ici été freiné par des obstacles financiers et techniques.
Avec ce projet de 10 MW, l’île espère enfin valoriser son potentiel naturel : la géothermie pourrait couvrir jusqu’à 50 % de la consommation électrique nationale, réduisant fortement sa dépendance aux importations de fioul, qui alimentent aujourd’hui la majorité de son réseau.
Des bénéfices multiples pour l’île
La mise en service de la centrale devrait apporter plusieurs avantages :
Sécurité énergétique : un approvisionnement plus stable et moins exposé aux fluctuations des prix du pétrole.
Réduction des coûts : une baisse progressive du prix de l’électricité, actuellement parmi les plus élevés de la Caraïbe.
Transition écologique : une contribution significative à l’objectif de neutralité carbone de la Dominique, déjà engagée dans un plan ambitieux de résilience climatique après les ouragans dévastateurs des dernières années.
Attractivité économique : la perspective d’exporter de l’électricité verte vers les îles voisines à moyen terme, grâce à des interconnexions régionales en projet.
Une étape décisive pour la Caraïbe
Ce projet constitue une première dans la région et pourrait servir de modèle pour d’autres îles volcaniques caribéennes.
Frappe américaine contre un bateau vénézuélien : entre lutte antidrogue et mise en scène géopolitique - Actu 3
Le président américain Donald Trump a annoncé qu’une frappe menée en eaux internationales a détruit un bateau en provenance du Venezuela, causant la mort de 11 individus présentés comme des « narcoterroristes » liés au gang Tren de Aragua.
Washington justifie l’opération au nom de la lutte contre le crime organisé. Mais ce raid soulève des interrogations juridiques – certains experts y voient une possible exécution extrajudiciaire – et des doutes géopolitiques quant aux véritables objectifs américains dans la région.
Un nouvel « ennemi global »
Depuis janvier 2025, la Maison Blanche a officiellement désigné le Tren de Aragua comme une organisation terroriste étrangère, comparant ce groupe criminel né dans une prison vénézuélienne en 2012 aux cartels mexicains de Sinaloa ou de Jalisco, ou encore à la Mara Salvatrucha (MS-13). Le Département d’État a renforcé cette rhétorique en affirmant que le gang représentait une menace transnationale comparable aux organisations les plus violentes du continent.
Or, selon le rapport mondial sur les drogues 2025 de l’ONU et les données de la DEA américaine, l’essentiel du trafic de cocaïne et de fentanyl vers les États-Unis transite par l’océan Pacifique (plus de 80 %), tandis que moins de 15 % passent par la mer des Caraïbes. De nombreux analystes s’interrogent donc sur le lien entre le Tren de Aragua – dont l’influence est surtout localisée en Amérique du Sud et parmi certaines diasporas vénézuéliennes – et la présence militaire massive américaine au large des côtes vénézuéliennes.
Une menace amplifiée ?
Le Tren de Aragua a été fondé par Héctor “Niño” Guerrero Flores, évadé de prison en 2023 et aujourd’hui introuvable. Le gang est accusé d’avoir profité de l’émigration vénézuélienne pour se disperser en Amérique latine, mais plusieurs experts estiment qu’il ne s’agit pas d’un cartel structuré comparable aux organisations mexicaines. Plutôt qu’un réseau centralisé, il existerait une constellation de cellules criminelles locales, parfois liées par des origines communes mais opérant de façon autonome.
Malgré cela, Washington a fixé une prime de 12 millions de dollars pour la capture de Guerrero, et en parallèle a doublé celle visant le président Nicolás Maduro, accusé d’être à la tête du controversé « Cartel des Soleils », un terme utilisé dès les années 1990 pour désigner la corruption de certains officiers militaires vénézuéliens, mais dont l’existence comme organisation structurée reste contestée.
Entre lutte antidrogue et stratégie régionale
Face à ce flou, plusieurs observateurs estiment que la lutte antidrogue sert aussi de justification à une présence militaire accrue dans la Caraïbe, à proximité immédiate du Venezuela et des zones offshore où des compagnies américaines exploitent d’importants gisements pétroliers.
À Caracas, le gouvernement de Nicolás Maduro dénonce une « agression impérialiste », accusant Washington d’utiliser le Tren de Aragua comme prétexte à un resserrement de l’étau militaire autour du pays. La Caricom, de son côté, appelle à préserver la Caraïbe comme zone de paix, conformément aux déclarations de la CELAC et du Traité de Tlatelolco.
Crise migratoire haïtienne : plus de 250 000 expulsions depuis la République dominicaine en 2025 - Actu 4
La République dominicaine a annoncé avoir expulsé 250 741 ressortissants haïtiens depuis le début de l’année 2025, selon les chiffres publiés par la Direction générale des migrations. Ces reconduites à la frontière s’inscrivent dans un contexte de crise humanitaire et sécuritaire sans précédent en Haïti, où des gangs armés contrôlent aujourd’hui une large partie du territoire, notamment à Port-au-Prince.
La position du gouvernement dominicain
Le président dominicain Luis Abinader défend cette politique comme une mesure nécessaire à la sécurité nationale. Il a réaffirmé que son gouvernement « ne peut pas porter seul le fardeau du chaos haïtien » et a promis de renforcer les contrôles frontaliers, notamment par l’achèvement du mur de séparation long de plus de 160 km entre les deux pays de l’île d’Hispaniola. Abinader estime que l’instabilité haïtienne constitue une menace directe pour la République dominicaine en matière de criminalité, de santé publique et d’économie.
Haïti en crise
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti est plongé dans une spirale de violence. Plus de 80 % de la capitale est sous le contrôle de coalitions de gangs, qui se livrent à des affrontements armés, des enlèvements et des pillages. La situation humanitaire est catastrophique : pénurie de nourriture et de carburant, effondrement des services publics, déplacements massifs de population.
Réactions internationales
La politique d’expulsions massives de Saint-Domingue a suscité des critiques d’organisations internationales comme l’ONU et l’OEA, qui appellent à plus de coopération régionale et à une meilleure prise en compte des droits humains des migrants. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a déjà exprimé ses « préoccupations » concernant les conditions d’expulsion et de détention des migrants haïtiens.
De son côté, la République dominicaine répond qu’elle agit en conformité avec sa souveraineté nationale et que la véritable solution doit venir d’un soutien international accru à Haïti, notamment en matière de sécurité et de reconstruction institutionnelle.
La France inaugure son ambassade au Guyana, première représentation de l’UE à Georgetown - Actu 5
Le 27 août 2025, la France a officiellement ouvert son ambassade à Georgetown, capitale du Guyana, marquant une étape diplomatique majeure dans les relations entre les deux pays. L’ambassadeur Olivier Plançon a présenté ses lettres de créance au président guyanien, Mohammed Irfaan Ali, réélu récemment pour un second mandat.
Jusqu’ici, la France était représentée par un consulat basé au Suriname, avec une antenne diplomatique au Guyana. Elle devient désormais le premier pays de l’Union européenne à ouvrir une ambassade dans ce territoire en plein essor économique.
Un rapprochement entamé depuis 60 ans
Selon le ministère français des Affaires étrangères, cette nouvelle étape s’inscrit dans une relation bilatérale de longue date, amorcée il y a près de six décennies. L’ambassade sera également accréditée auprès de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), dont le siège est à Georgetown, témoignant de la volonté de Paris de renforcer sa présence dans l’espace caribéen.
Enjeux stratégiques et économiques
Ce rapprochement s’appuie sur une volonté commune de développer la coopération dans des domaines clés : sécurité, défense, lutte contre le changement climatique et développement économique.
Le Guyana attire aujourd’hui l’attention internationale grâce à ses immenses réserves pétrolières et minières, qui en font le pays au plus fort taux de croissance au monde. La France y voit un partenaire stratégique, notamment pour ancrer davantage ses collectivités françaises d’Amérique (Guyane, Guadeloupe, Martinique) dans la dynamique régionale.
Une présence accrue dans une zone charnière
Dans son communiqué, la diplomatie française a souligné que l’extension de son réseau diplomatique dans cette région, située entre l’Amazonie et le bassin caribéen, vise à consolider les liens politiques, économiques et culturels.
L’installation de cette nouvelle ambassade témoigne de la volonté de Paris d’être un acteur diplomatique de premier plan dans cette zone où se croisent enjeux énergétiques, environnementaux et géopolitiques.