🌊 Sargasses aux Antilles : fléau écologique ou ressource d'avenir ?

Depuis plus d’une décennie, les sargasses, ces algues brunes flottantes venues de l’Atlantique, s’échouent massivement sur les plages de la Caraïbe. Si elles jouent un rôle écologique en mer (abri pour certaines espèces) 🌱, leur accumulation sur les côtes pose de sérieux problèmes environnementaux, économiques et sanitaires.

📈 Une menace en forte croissance

En mai 2025, un record absolu de 37,5 millions de tonnes de sargasses a été détecté dans l'Atlantique notamment sur les plages de Guadeloupe, Martinique, Jamaïque, Saint-Martin ou encore du Mexique selon la NOAA.

Leur prolifération est accentuée par le réchauffement climatique 🌡️, les apports de nutriments issus des activités agricoles 🌾 (notamment via le fleuve Amazone), et des courants marins favorables à leur dérive vers l’ouest 🌬️.

❗ Un impact multiple pour la Caraïbe et ses habitants

• Santé 🏥 : leur décomposition dégage du sulfure d’hydrogène (H₂S), un gaz toxique provoquant nausées, migraines, et troubles respiratoires.

• Tourisme 🏖️ : les plages envahies rebutent les touristes, nuisent à l’image des destinations et fragilisent l’économie locale.

• Écosystèmes 🐢 : elles étouffent les herbiers, gênent la reproduction des tortues et perturbent les récifs coralliens.

• Société ⚖️ : les collectivités, souvent mal équipées, peinent à gérer ces marées brunes.

💡 Valoriser les sargasses : une nécessité locale

Face à l’ampleur du phénomène, des initiatives locales se développent pour transformer ce fléau en ressource.

👓 En Guadeloupe : des lunettes à partir de sargasses

Le lunetier Richard Trèfle et le Dr Henry Joseph (Phytobokaz) ont mis au point des montures de lunettes intégrant des fibres de sargasse, stabilisées et teintées à l’indigo. Un exemple de valorisation artisanale à haute valeur ajoutée.

♻️ Compost, biogaz et briques écologiques

Des projets pilotes comme Sarg’Coop en Martinique et des coopératives en Jamaïque ou Barbade testent :

• Le compostage filtré (après décontamination de l’arsenic et des métaux lourds).

• La méthanisation pour produire du biogaz 🔋.

• La fabrication de briques écologiques 🧱, via des techniques locales ou soutenues par le PNUD (ex : projet Sargablock).

☢️ Et la chlordécone ?

Certaines recherches explorent la capacité des sargasses à absorber ou dégrader partiellement des polluants organiques, comme la chlordécone. Mais ces pistes restent à l’état expérimental, car les sargasses peuvent aussi concentrer ces toxiques. Le risque est donc double : transformer sans relarguer.

🤝 Une coopération régionale à construire

Malgré quelques initiatives, la Caraïbe manque d’une stratégie régionale coordonnée. L’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) appelle à la création d’un fonds caribéen pour la gestion des sargasses.

Par ailleurs, en juin 2025, la Chambre régionale des comptes Antilles-Guyane a publiquement critiqué la gestion actuelle des sargasses, pointant du doigt un manque de coordination, l’absence de cadre juridique clair et des moyens financiers insuffisants pour les communes les plus touchées.

💰 Une gestion coûteuse pour les collectivités

Face aux sargasses, les dépenses des collectivités et de l’État ne cessent d’augmenter. En 2024, l’État a alloué 6,4 millions d’euros à la lutte contre les sargasses, répartis ainsi :

• 2,5 millions d’euros pour la collecte sur terre 🚛 ;

• 1 million d’euros pour la collecte en mer 🚤 ;

• 310 000 euros pour financer 40 contrats aidés (PEC) 👷 ;

• 245 000 euros pour l’achat d’une nouvelle barge et de kits de collecte pour les marins-pêcheurs ⚓ ;

• 300 000 euros pour le suivi sanitaire des populations exposées aux émanations toxiques 🧪.

Le GIP Sargasses, chargé de coordonner les actions de lutte, a vu son budget passer de 1 390 190 euros en 2024 à 2 320 000 euros un an plus tard, soit une augmentation de près de 60 % 📊.

Malgré ces moyens, les communes continuent à débourser des sommes importantes. Par exemple, la municipalité du François prévoit l’installation de filets supplémentaires dans plusieurs zones particulièrement exposées .

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📚 Sources :

• NOAA Atlantic Sargassum Watch (mai 2025)

• ABC News – Record-breaking seaweed bloom in the Atlantic raises concerns (juin 2025)

• Rapport 2025 de la Chambre régionale des comptes Antilles-Guyane

• Ministère des Outre-mer – Dossier de presse (2024-2025)

• France-Antilles & RCI.fm – Couverture locale

• Phytobokaz / Richard Trèfle – Projet lunettes en sargasses

• OECO – Propositions pour une stratégie caribéenne